1928-1952 Fragment de vie: Jacques SINET, jeune Grandvillois

JACQUES SINET
Une simple vie généreuse

Né à Grandvilliers, bourg de l’Oise, dans la maison située aujourd’hui 51 rue de saint Fuscien, alors rue de Beauvais, Jacques SINET est le second enfant, premier fils de André SINET et Andrée PORNON


I ) SES GRANDS-PARENTS PATERNELS

Henri SINET

Henri Stanislas SINET né le 7 mai 1862 – Feuquières, 60233, Oise,Picardie, France, Décédé le 29 septembre 1936 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 74 ans Clerc de notaire- imprimeur – libraire
Fils de André Gustave SINET né le 30 novembre 1835 – Feuquières, 60233, Oise, Picardie, France Décédé le 6 mars 1884 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 48 ans charpentier Feuquières, limonadier cafetier Grandvilliers Marié le 10 février 1858, Grandvilliers, 60210, Oise, Picardie, France, avec Céleste Marie Claudine DANOIS née le 6 juin 1832 – Lahaye-saint-Romain poix de Picardie 80360 Somme France Décédée le 6 janvier 1917 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 84 ans Domestique, limonadière, Cafetière


« l’an 1858 le 10 février à 11 h du matin, devant nous Etienne Sébastien Hervé Maire officier de l’état civil
du bourg de Grandvilliers, arrondissement de Beauvais, dpt de l’Oise ont comparus publiquement dans la
maison commune André SINET charcutier âgé de 22 ans révolus né à Feuquières canton de Grandvilliers le
30 novembre 1835 …. Domicilié audit Feuquières, fils majeur de Désiré SINET âgé de 42 ans, facteur rural
et de Marie Rose PRUDHOMME, son épouse âgée de 49 ans couturière, domiciliés tous deux à Feuquières
ici présents et consentant … ET Marie Claudine Céleste DANOIS , domestique âgée de 25 ans révolus née le
6 juin 1832 à Lahaye section de la commune de Saint Romain canton de Poix dpt de la Somme ….domiciliée
à Bourg, fille majeure de Louis Auguste DANOIS âgé de 50 ans peigneur de laine domicilié audit LaHaye ici
présent et consentant et de feue Marie Geneviève VASSEUR son épouse décédée le 9 février 1851 audit LaHaye …Presence de Arsène BEAURAIN 34 ans fouleur de bas ca 1824- cousin germain de l’époux
+Alexandre BENARD tonnelier 25 ans ami de l’époux ca 1833 tous deux domicilié à Feuquières + Léopold
DANOIS 23 ans charpentier dom à Bergicourt (poix somme) frère de l’épouse ca 1835- ,+ Marcel
Maximilien LEDOUX 44 ans aubergiste à Grandvilliers ca 1814 son patron
« 


FILS UNIQUE Henri Stanislas qui est né à Feuquières en 1862, suit ses parents à Grandvilliers lorsque ceux-ci deviennent cafetiers rue de Poix puis rue du franc marché, en 1880 ils font l’acquisition de l’établissement Manaranche-Gallippe rue de Sommereux, En 1886 Henri Stanislas est clerc de notaire chez Me HEBERT et habite chez ses parents 53 rue d’Aumale à Grandvilliers. Il crée une librairie imprimerie dans le centre-ville de Grandvilliers. Humaniste on lui doit la section de « prévoyants de l’avenir « la création de jardins ouvriers, Il participe à la création cours d’enseignement pour les adultes, de la caisse de crédit et du syndicat agricole, conseiller municipal. Henri est un des fondateurs de l’équipe de longue- paume sur Grandvilliers . En1893 Stanislas Henri que tous appellent simplement Henri crée un journal local, couvrant les cantons limitrophes « l’hebdomadaire Picard » puis suit l’almanach de l’hebdomadaire Picard, tirant à plus de 10000 exemplaires , Il installe l’entreprise rue de Beauvais avant 1914 afin de pouvoir la développer et la moderniser. L’imprimerie fait paraître des œuvres littéraires régionales (Phileas Lebesgues..) participe à la reconnaissance des patois Picard tout en privilégiant l’enseignement du français moderne nécessaire dans les couches populaires…

Marié le 2 janvier 1889, Grandvilliers, AVEC

Julia Guerrier

Julia Lucia GUERRIER Née le 25 octobre 1858 – Laons, 28206, Eure et Loir, Centre, France Décédée le 4 août 1933 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 74 ans Caissière épicerie de gros

Fille de Jacques Gilles GUERRIER né le 27 mai 1810 – Marchainville, 61250, Orne, Normandie, France Décédé le 1er décembre 1890 – Laons, 28206, Eure et Loir, Centre, France, à l’âge de 80 ans Maître charron- épicier rue de calais 60210 Propriétaire rentier laons1886 Marié le 28 juin 1838, Laons, 28206, Eure et Loir, Centre, France, avec Marie Madeleine Joséphine TOURAILLE née le 8 juin 1818 – Laons, 28206, Eure et Loir, Centre, France Décédée le 23 décembre 1909 – Grandvilliers, 60286

Mariage – Laons, 28206, Eure et Loir, Centre, France  » le 28è jour du mois de juin année 1898 à midi, par devant nous Jean Louis Deschamps maire et officier de l’état civil de la commune de Laons arrondissement de Dreux , département Eure et loir tant en la maison commune , sont publiquement comparus, d’une part Jacques Gilles GUERRIER âgé de 28 ans charron , né le 27 mars 181 à Marchainville , arrondissement de Mortagne département de l’Orne , comme il a été constaté par son acte de naissance…. Fils de Gille GUERRIER décédé, ainsi qu’il est constaté par son acte de décès le 12 avril 1827, sur les registres de l’état civil de la commune de Marchainville…et de Marie Anne DANGEREUX décédée le 1er décembre 1838 à Marchainville, domicilié depuis 3 mois à Laons , précédemment à Dreux ; d’autre part Madeleine Joséphine TOURAILLE 20ans née à Laons le 8 juin 1818 Comme…. Fille de Jacques TOURAILLE cultivateur âgé de 52 ans et de Marie Elisabeth DUBOIS 52 ans son épouse, domiciliée avec ses père et mère à la VilleDieu, hameau de cette commune, présente et consentante. Ledit Jacques Gilles Guerrier nous a déclaré en présence des 4 témoins ci-après nommés … qu’il est probable qu’ils (ses aïeuls) soient tous décédés ….Qu’il est dans l’impossibilité d’en indiquer les lieux, ni d’en préciser les époques lesquels ont requis de procéder au mariage …. En présence de Dominique VIVIEN 33 ans épicier = beau-frère de l’époux à cause de Marie Madeleine Elisabeth CHERON son épouse + Amand PESCHEUX 54 ans cultivateur et ami de l’époux, Joseph TOURAILLE 25 ans cultivateur et Amand TOURAILLE 21 ans cultivateur frère de l’épouse ; tous de Laons… ont signé « 

Imprimerie librairie papeterie place de Grandvilliers

Mariage de Henri Stanislas SINET + Julia Lucia GUERRIER à Grandvilliers
« l’an 1889 le 2 janvier à 11h du matin devant nous Victor Florentin GALIPPE adjoint remplissant la fonction d’officier d’état civil de la ville de Grandvilliers, arrondissement de Beauvais Oise , sont comparus publiquement dans notre commune le sieur Stanislas Henri SINET Libraire âgé de 26 ans 7 mois 21 j né à Feuquières Oise, le 07 05 1862 domicilié à Grandvilliers, fils majeur de défunt André SINET décédé à Grandvilliers le 06 03 1884 et de Marie Claudine Céleste DANOIS veuve, limonadière âgée de 56 ans domiciliée même lieu présente et consentante (place du franc marché ) d’une part et demoiselle Julia Lucia
GUERRIER rentière 30 a 2 mois 7 jours née à Laons canton de Brezolles Eure et loir le 21 10 1858 domiciliée à Grandvilliers (Chez ses oncle et tante Touraille-Geoffroy épiciers) fille mineure de Jacques Gilles GUERRIER 77ans + Marie Joséphine TOURAILLE son épouse 70 rentière domiciliés ensemble à Laons (4 ou 6 rue du milieu), présents consentants… le marié est inscrit à Gdv sur le tableau des jeunes gens aptes à concourir à la formation de la classe 1882 N°6 du tirage .. Exempté
Contrat de mariage devant Maître HEBERT notaire à Grandvilliers le 27 12 1888 …
Témoins : Désiré SINET ménager 74 ans Feuquières = aïeul paternel de l’époux + Achille HEBERT notaire 49 a Gdv ami+ Jacques Joseph TOURAILLE marchand épicier 61 ans Gdv oncle maternel de l’épouse (chez qui elle est domiciliée) + Alphonse Séraphin GALERNE meunier 60 à Nogent le roi = oncle par alliance de la mariée… »tous signé

Fratrie SINET-GUERRIER : André 1889-1967, Eugène 1891-1914, Marie1893-1986, Jeanne 1895-1930.


André SINET, l’ainé est le père de Jacques
Eugène SINET le deuxième fils participe au conflit 1914 1918 mais décède dès le 18 septembre 1914 à Saint Thomas dans l’Aisne. Il a à peine 23 ans et laisse à Grandvilliers son “amoureuse” Germaine HERELLE 17 ans, avec leur fils Jean né le 7 mars 1913… sans avoir pu officialiser leur union… Jean est reconnu comme le fils de Eugène. Il est le premier grand cousin de Jacques avec une différence d’âge de 15 ans…presque une génération d’écart… Sa mère se marie le 09 janvier 1918 avec Henri Joseph ROUSSELOT,mécanicien de Paris.
Marie SINET, première des filles, Libraire sera la 2è épouse de Thomas Gray suite au décès de Jeanne. De tante elle deviendra belle-mère, le 29 juillet 1931 à Grandvilliers. Elle sera professeur particulier de français en Angleterre et participera à l’accueil et à la formation des soldats lors du conflit 1939-1945
Jeanne SINET, libraire chez ses parents, se marie avec un soldat Anglais ayant combattu dans la Somme en 1914-1918 et accueilli chez eux après blessure. Après son mariage le 29 07 1921 à Grandvilliers, elle suit Thomas GRAY à Rochdale où elle donne des cours de français… Ils auront 2 enfants : un premier Claude décédé prématurément à quelques mois à cause de la pollution sévissant à Rochdale, ville industrielle. Un deuxième enfant nommé aussi Claude qui reste une partie de son enfance à Grandvilliers à l’âge de 9 ans. Il vit chez les grands-parents et participe à la vie des enfants d’André SINET pour qui il restera comme un grand frère… Il est aussi très proche de son cousin Jean SINET, fils de Eugène qui lui transmet la passion de la moto… Malheureusement, Jeanne se tue lors d’un accident de voiture le 29 juin 1930. Claude repart en Angleterre en 1934 avec son père et sa tante Marie devenue la nouvelle épouse. (Lire ses souvenirs)

2) SES GRANDS-PARENTS MATERNELS :

Jean Marie PORNON

Jean Marie PORNON né le 30 mars 1877 – Charolles, 71106, Saône et Loire, Bourgogne, France Décédé le 16 juin 1938 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 61 ans Marchand de bestiaux il sera connu sous le prénom de Eugène PORNON
Fils de Jean Marie PORNON Né le 8 septembre 1853 – Viry, 71586, Saône et Loire, Bourgogne, France Décédé en 1910 – Grandvilliers, 60210, Oise, Picardie, France, à l’âge de 57 ans Agriculteur- boucher Charolles Marié le 25 mai 1876, Ozolles, 71339, Saône et Loire, Bourgogne, France, avec Jeanne Marie RONDET Née le 13 janvier 1855 – Ozolles, 71339, Saône et Loire, Bourgogne, France Décédée le 4 novembre 1932 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 77 ans Cultivatrice Ozolles

Mariage « 1876 le 25 mai 7h1/2 soir par devant nous CHEVENET pierre maire d’Ozolles… PORNON Jean boucher 22a révolus domicilié et demeurant à Charolles, né à Viry le 16 11 1853, ..de Jacques PORNON et Marie BALLIGAND 61a propriétaire cultivateur domiciliés ensemble à Viry non présents mais consentants…et RONDET Jeanne Mare cultivatrice 21 ans révolus domiciliée et demeurant avec son père à Ozolles, née au même lieu le 13 01 1855, fille de RONDET Guy 55a propriétaire cultivateur hameau de Toujare Ozolles présent consentant + feue Jeanne Marie PROVILLARD en son vivant sp décédée le 20 04 186 …bans publics à Carolles, Viry, Ozolles… CONTRAT MARIAGE Me MORAIN Charolles le 17 05 1876 …
témoins : Benoit RONDET 39a forgeron = ami + Philibert BLANCHARD aubergiste 35a+ Léon Gustave Célestin CRETIN 30 a instituteur= amis+ Jean RONDET 35a propriétaire cultivateur = cousin germain épouse…”


Marié le 5 décembre 1899, Grandvilliers, 60286, avec

Pauline Octavie DUPLESSIS

Pauline Octavie DUPLESSIS née le 4 juin 1878 – Abbeville, 80001,Somme, Picardie, France Baptisée le 6 juin 1878 – Abbeville, 80001, Somme, Picardie, France Décédée le 21 septembre 1967 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 89 ans
Fille de Augustin Jean Baptiste DUPLESSIS né le 28 février 1843 – Bouttencourt, 80126, Somme, Picardie, France Décédé après 1899 Voiturier + cultivateur Marié le 5 mars 1867, Bouttencourt, 80126, Somme, Picardie, France, avec Célina Pauline HERLIN née le 20 mai 1847 – Aumale, 76035, Seine-Maritime, Normandie, France Décédée le 17 mai 1881 – Abbeville, 80001, Somme, Picardie, France, à l’âge de 33 ans
«  l’an 1867 le 05 mars à 10 h du matin par devant nous Louis Antoine Germain GANDON , adjoint au maire de la commune de Bouttencourt , canton de Gamaches département de la Somme remplissant les fonctions d’officiers public de l’état civil de ladite commune pour Mr le maire empêché ont comparu publiquement en notre maison commune DUPLESSIS Auguste Jean Baptiste cultivateur âgé de 24 ans, né en cette commune le 28 février 1843 …demeurant à Bettancourt mineur fils de Jean Baptiste DUPLESSIS cultivateur âgé de 54 ans, domicilié au dit Bouttencourt ici présent et consentant au mariage de son fils et
de Feue BEQUET Rufine Désirée Sophie décédée en cette commune le 27 12 1860… et demoiselle HERLIN PAULINE sans profession particulière âgée de 19 ans, née à la ville d’Aumale le 20 mai 1847 …domiciliée à Bouttencourt fille mineure de Marie Paul HERLIN cultivateur âgé de 44 ans et de CAMIER Geneviève Désirée cultivatrice âgée de 43 ans son épouse tous deux domiciliés audit Bouttencourt ici présents et consentants……CONTRAT de mariage passé devant Me JOSSE Edouard Antoine à Bouttencourt le 09 03 1867 .. Certificat d’exemption du service militaire … en présence de Augustin François DUPLESSIS 22 ans = frère époux +jean Casimir DEPINAY cultivateur 54 ans amis époux tous deux de Bouttencourt + HERLIN Théophile aubergiste à Aumale 45 ans = oncle maternel épouse + Auguste HERLIN 36 ans oncle paternel épouse de Quincampoix… »


Mariage de Jean Marie PORNON + Pauline Octavie DUPLESSIS
Page 1 N°79 Mariage de PORNON Jean Marie et de DUPLESSIS Pauline-Octavie 5 décembre 1899  » l’an mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf, le cinq décembre à dix heures et demie du matin par devant nous Léonore Fulgence BOCQUET, officier d’académie, Maire et officier de l’état civil de la ville de Grandvilliers, arrondissement de Beauvais, ont comparu publiquement dans la maison commune pour contracter mariage… » p2… »PORNON Jean Marie âgé de vingt-deux ans et huit mois révolus, boucher né à Charolles, département de Saône et Loire, le vingt-neuf mars mil huit cent soixante-dix-sept, domicilié en cette ville
(grand place), lequel a satisfait à la loi sur le recrutement de l’armée et est classé dans les services auxiliaires de la classe mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, ainsi que nous l’avons constaté sur son livret militaire qu’il nous a présenté, fils majeur et légitime de PORNON Jean Marie âgé de quarante-six ans, marchand de vache domicilié en cette ville, ici présent et consentant et de RONDET Jeanne Marie, âgée de quarante-cinq ans, sans profession particulière, demeurant à Rouen rue de Lessart numéro 113, mais ayant même domicile que son mari, non présente, mais consentante au mariage par acte authentique reçu par l’adjoint au maire de Rouen, officier de l’état civil délégué en présence de deux témoins, le vint cinq novembre mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf, enregistré, d’une part et DUPLESSIS Pauline Octavie, âgée de vingt et un ans, sans profession, née à Abbeville, département de la Somme, le quatre Juin mil huit cent soixante-dix-huit, domiciliée en cette ville (chez sa tante HERLIN épouse WALLET) , fille majeure et légitime de DUPLESSIS Jean Baptiste, âgé de cinquante-sept ans, journalier, domicilié à Bezons, canton d’Argenteuil,
département de seine et Oise, ici présent et consentant et de HERLIN Célina Pauline, décédée à Abbeville le dix-sept mai mil huit cent quatre-vingt-un, d’autre part. Les comparants nous ont requis de procéder à la célébration de leur mariage, dont les publications ont été faites en notre ville les dimanches douze et dixneuf novembre de la présente année, sans qu’aucune opposition au dit mariage ne nous ai été signifiée, à l’appui de leur réquisition, nous nous sommes fait remettre l’acte de naissance du futur, l’acte de consentement à mariage de sa mère, l’acte de naissance de la future épouse et l’acte de décès de sa mère.
Ces pièces régulièrement légalisées ont été dûment paraphées par nous et par les parties produisant pour demeurer au procès au présent acte. Après avoir fait lecture aux parties de ces pièces au chapitre six du titre du mariage … p3) « au code civil sur les droits et les devoirs respectifs des époux, nous avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils voulaient se prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, nous avons déclaré au nom de la loi que ORNON Jean Marie et Duplessis Pauline Octavie sont unis par le mariage. Nous avons ensuite interpellé les nouveaux époux et leurs pères de nous déclarer s’il a été fait un contrat de mariage, la date de ce contrat, le nom et le lieu de résidence du notaire qui l’a reçu. Ils nous ont répondu qu’un contrat de mariage a été dressé par maître CORNIQUET, notaire, résidant en cette ville, le deux décembre présent mois et ils nous ont présenté un certificat qui le constate et que nous avons annexé au présent acte après l’avoir paraphé et fait parapher par les nouveaux époux et par leurs pères. Et nous avons immédiatement dressé le présent acte
en présence de BERTOUX Edmond Emile, âgé de vingt-neuf ans, de Lefranc Albert âgé de vingt-six ans, tous deux bouchers et tous deux domiciliés en cette ville, non parents des époux, de Duplessis Jean Baptiste journalier âgé de trente ans, domicilié à Paris Faubourg du temple, numéro trente et un, frère de l’épouse, de Bocquet Albert, âgé de trente-quatre ans négociant, domicilié en cette ville, cousin issu germain de l’épouse du côté maternel. Ces témoins ainsi que les nouveaux époux et leurs pères ont signé avec nous le présent acte, après lecture qui leur ont été faîte. « 

Famille Pornon-Duplessis


Fratrie PORNON DUPLESSIS :

Andrée PORNON née le 02 septembre 1900 à Grandvilliers que nous allons suivre …

Renée PORNON née le 16 mai 1803 décédée le 17 janvier 1989 à Grandvilliers , qui se marie le 07 09 1923 avec Norbert LADOUBART 1896-1960, agent d’assurance. (voir ses correspondances durant la première guerre mondiale)

Les « demoiselles » PORNON sont adulées par leurs parents qui leur offrent une éducation moderne ; elles aiment aller à Paris y prendre l’air du temps, s’habillent aux dernières tendances, adorent écouter et faire de la musique. Elles suivent un cursus scolaire qui leur donnent envie d’être au courant de tout, d’analyser le monde..

Magasin PORNON rue de calais Grandvilliers

3 ) SES PARENTS :

André SINET

Eugène André SINET né le 4 décembre 1889 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, Décédé le 22 juin 1967 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à l’âge de 77 ans Typographe, imprimeur, éditeur
l’an 1889 le 5 décembre à 11 h du matin devant nous Victor Florentin GALIPPE maire et officier de l’état civil de la ville de Grandvilliers arrondissement de Beauvais , département de l’Oise est comparu le sieur Stanisla Henri SINET âgé de 27 ans domicilié à Grandvilliers , lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin qu’il nous a dit être né hier à 8 h du matin dans son domicile de lui comparant et de Julia Lucia GUERRIER son épouse rentière , âgée de 31 ans domiciliée avec lui et auquel enfant il a déclaré donner les prénoms de EUGENE ANDRE ..en présence des sieurs Aristide Léonard MIOU maçon entrepreneur âgé de 28 ans et Gustave FOURNIVAL instituteur adjoint âgé de 24 ans domiciliés audit Grandvilliers…« 
Il passe son enfance grande place de Grandvilliers, à la librairie; il est sportif , joue du tennis, de la longue paume , amateur de musique, il s’essaie au violon, aime à faire des virées Parisiennes pour fleurter dans l’air du temps, et bien sûr il lit à outrance , se documente sur tout, aime analyser le monde et la politique. La vie est belle et il n’est pas pressé de se marier … mais cela arrive à 30 ans passés.

Après son mariage André vit avec ses beaux-parents 16 grande place (recensement 1926 p 4) puis 53-67-51 rue de Beauvais env. 1931 : 1/3 propriété achetée en indivis 67 rue de Beauvais comprenant une ancienne maison sur rue + corps de bâtiment plus récent/cour, écurie, jardin entouré de murs attenant propriétés de Ms LE BOURKIS, PORTEBOIS, MARECHAL, acquise conjointement Ml Jeanne + Marie SINET ses sœurs de Mr Léon Hyppolite ANCELIN dom Gournay le 04 05 1919, acquise pour 20000 Fr…. part de Mr André SINET= 7471fr


Marié le 8 septembre 1922, Grandvilliers
, avec

Andrée PORNON

Andrée Eugénie PORNON née le 2 septembre 1900 – Grandvilliers,
60286, Oise, Picardie, France, Décédée le 24 juillet 1968 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, à;l’âge de 67 ans. Sans profession, mais cultivée. Une fois mariée elle aide dans l’entreprise de son époux : comptabilité, gestion, relecture des parutions…
«  L’an 1900 le 3 septembre à 10 h du matin par devant nous Louis Modeste Narcisse DUPUY officier du mérite agricole , maire officier de l’état civil de la commune de Grandvilliers arrondissement de Beauvais ,département de l’Oise a comparu PORNON Jean Marie âgé de 23 ans marchand de vaches domicilié en cette ville , lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin qu’il nous a dit être né hier deuxde ce mois à 10 h du soir dans son domicile de lui déclarant et de DUPLESSIS Pauline Octavie son épouse âgée de 22 ans sans profession avec laquelle il demeure et il a donné à cet enfant les prénoms de ANDREE EUGENIE . Cette
déclaration et cette présentation ont été faites en présence de BOVET Charles Henri âgé de 41 ans hôtelier et de ROUSSEL Amand âgé de 43 ans limonadier tous deux domiciliés en cette ville » …. Signé
Extrait acte notarié :  » par devant Maître Alexandre Léon BROCHARD notaire à Grandvilliers et Maître Charles Henri Flavian JOREL notaire même lieu… Mr Eugène André SINET imprimeur à Grandvilliers , majeur , Né à GDV le 04 12 1889 de Henri Stanislas SINET imprimeur libraire et de Mme Julia LUCIE GUERRIER son épouse demeurant ensemble à Gdv ; stipulant en son nom personnel d’une part, Mr Mme SINET GUERRIER ci-dessus nommés agissant aux présentes à cause de la donation à constitution de dot qu’ils feront ci-après à Mr SINET leur fils d’autre part Mlle Andrée Eugénie PORNON sans profession domiciliée à GDV majeure , née à GDV le 2 09 1900 fille de Mr Jean Marie PORNON dit Eugène et de Mme Pauline Octavie DUPLESSIS son épouse demeurant à Gdv stipulant en son nom d’une part Mr et Mme PORNON DUPLESSIS agissant aux présentes pour cause de donation à titre de constitution de dot à leur fille d’autre part … contrat de mariage sous régime communauté de biens réduits aux acquêts.. Pour elle biens personnels (vêtements, bijoux…) Dot: livre CEN 1047f + Bon de 1000f défense nationale + 5 Fr de rente à 5% état français titre au porteur + Mobilier meublant 3650f + 25000f espèces = 28650 Fr pour lui: biens personnels (vêtements, bijoux, bicyclette, armes) + 1/3 propriété indivis 67 rue de Beauvais comprenant une ancienne maison sur rue + corps de bâtiment plus récent/cour écurie, jardin entouré de murs attenant propriétés de Ms LE BOURKIS, PORTEBOIS, MARECHAL , acquise conjointement Mlles Jeanne + Marie SINET ses sœurs de Mr Léon Hyppolite ANCELIN dom Gournay LE 04 05 1919, acquise pour 20000 Fr…. part de Mr André SINET = 7471f dot des parents : Fond de commerce imprimerie exploité par M Mme SINET 67 rue de Beauvais valeur 153717 Fr (clientèle, achalandage, nom commercial, journal Hebdomadaire Picard + différents mobiliers machines servant exploitation… + automobile Ford 14 + Droit
au bail) … « 

André SINET + Andrée PORNON 1921
mariage André SINET + Andrée PORNON 08 septembre 1822 Grandvilliers

Très “moderne” le couple aime les voyages découvrant l’Europe avec les familles Gray, Ladoubart..; ils jouent de la musique (Piano, Violon, violoncelle) organisant des concerts familiaux . André Sinet était le professeur de Violon de Andrée Pornon .. ils aiment danser, lire, se documenter et analyser le monde utilisant les moyens à leur disposition, journaux, TSF, puis télévision
…avant l’arrivée des enfants, ils pratiquent du sport : gymnastique, tennis, jeu de paume, vélo… Gais, pratiquant l’humour, les calambours. Ils s’investissent dans la vie sociale du bourg …
Dans un premier temps après leur mariage, ils vivent chez Mr Mme PORNON 16 place Barbier au moins jusqu’en 1926, puis emménagent “à l’imprimerie “ rue de Beauvais (y demeurent lors du recensement 1931) jusqu’à leur décès, la maison principale ayant échappé aux bombardements de la seconde guerre mondiale
Au départ peu confortable cette grande maison difficile à chauffer sera modernisée et permettra tout au long de leur vie de recevoir de nombreux amis, cousins et relations de connaissance …

Ils auront 4 enfants :
Jacqueline, Née le 22 mars 1927 – Grandvilliers, Décédée le 21 août 1947 – Grandvilliers à l’âge de
20 ans suite à une maladie découverte à partir de 1943. Son décès aura de lourdes conséquences
sur l’atmosphère de la maisonnée et pèsera définitivement sur ses frères et sœur
Jacques dont la vie est narrée : Né le 6 septembre 1928 – Grandvilliers, 60286, Décédé le 6 avril
1987 – Grandvilliers à l’âge de 58 ans Imprimeur – directeur du « Bonhomme Picard”
Jeanne Née le 30 décembre 1931 – Grandvilliers, Décédée le 10 avril 2018 – Clermont, 60157, à l’âge
de 86 ans, Inhumée le 16 avril 2018 – Sarcus, 60604, Secrétaire imprimerie SINET – laborantine
hôpital Clermont Oise
Jean-Claude Né le 9 septembre 1932 – Grandvilliers, 60286, Oise, Picardie, France, Jardinier,
paysagiste
Leur vie professionnelle sera émaillée de bien des difficultés inhérentes à la période de guerre, puis à la modernisation rapide et nécessaire de l’entreprise, aux mouvements sociaux du monde de l’imprimerie, aux augmentations importantes et brutales des matières premières difficiles à répercuter sur la vente… ils auront à cœur de maintenir au sein de l’entreprise une relation humaine, un respect de tout employé et de leur famille qu’ils transmettront à leur fils Jacques. André SINET voulait que ses enfants travaillent auprès de lui, mais cela n’était plus dans l’air du temps à la génération suivante. Après son décès, Jacques son successeur ayant compris que la situation n’était idéale pour aucun des enfants, encourage son frère et sa sœur Jeanne à prendre leur indépendance et suivre leurs envies.

Mariage André SINET+ André PORNON 8 septembre 1922 rue de Beauvais Grandvilliers, avec leurs amis

JACQUES SINET

JACQUES Eugène Henri SINET Né 6 septembre 1928 à Grandvilliers, deuxième de la fratrie après Jacqueline
fille adulée mais il est le premier fils ! Il est baptisé le 2 Juin 1929

menu baptême de Jacques SINET


La famille avait beau être du côté des libres penseurs, anti cléricale, surveillant de près les agissements des
curés, ils admettaient malgré tout la bénédiction traditionnelle lors des grandes occasions, les hommes se
tenant au fond de l’église lorsque les femmes étaient assises sur les bancs réservés !
Dès sa naissance Jacques est “chouchouté” par sa grande sœur Jacqueline et son grand cousin, Claude
Gray qui vit chez ses grands-parents Paternels sur la place Barbier. Les parents de Claude vivent à Rochdale
en Angleterre, ville industrielle qui a été fatale pour son frère ainé, aussi les parents préfèrent-ils que
Claude grandisse au bon air de la Picardie. Sa mère Jeanne vient fréquemment à Grandvilliers.

Jacques et Jacqueline SINET, leurs parents et grands parents PORNON

”Pépé et Mémé” seront toujours d’un grand soutien pour le jeune couple …

les enfants sont très protégés et aimés par tous …

Le Tréport sortie appréciée

Le 29 juin 1930 à saint Leger sur Bresles, un drame vient perturber la famille. De retour d’une radieuse
journée de pique-nique baignade au Tréport avec Jeanne Gray, Claude, Andrée SINET enceinte de son 3è
enfant et Yvon DEMANGE, un employé et ami de la famille. Un véhicule double imprudemment à trop
grande vitesse pour la route défoncée par les ornières. André qui conduit ne peut éviter l’accident, Jeanne
est expulsée et tuée sur le coup, son fils Claude en vie à côté d’elle est “juste choqué” et ramené à
Grandvilliers. Andrée et Yvon sont grièvement blessés et transportés à l’hôpital où ils resteront quelques
semaines. Thomas Gray et son frère Eddie arrivent de Rochdale en urgence. Quel sera l’avenir de Claude
Gray ?

Thomas Gray, Jeanne SINET Claude Gray 1926

Quelques temps plus tard un véritable conseil de famille élargie se réunit. Thomas Gray, son frère, les
parents SINET et PORNON, les familles LADOUBART, LEMAIRE, CARRIE, tous commerçants de renom,
envisagent autant l’avenir de l’enfant que celui des commerces… Marie SINET la sœur de Jeanne est
encore célibataire ; s’étant toujours beaucoup occupée de son neveu, il parait logique à tous qu’elle
épouse son beau-frère. A Grandvilliers deux commerces sont en jeu : la librairie dont s’occupe Marie avec
son père et la graineterie située à côté place Barbier. Décision prise Eddie va assurer la pérennité de
l’entreprise de fabrique de matelas et magasins de meubles à Rochdale, Thomas peut rester à
Grandvilliers, se remarier avec Marie SINET. Il sera photographe, sa passion

22 juillet 1931 mariage de Thomas Gray + Marie SINET, Claude, Eddie Gray, Jacqueline, Jacques SINET
De gauche à Droite : Jacqueline, Jeanne , Jacques SINET

Le 30 décembre 1931 nait Jeanne SINET. Enfant gaie, elle est immédiatement adulée de ses ainés…
rapidement suivie le 9 septembre 1932 par un dernier petit frère… qui deviendra vite la mascotte des
grands tant il est agréable à vivre et facétieux …Jean-Claude

Les quatre enfants SINET entourés de leurs aîeux rue de Rouen Grandvilliers chez les oncles Ladoubart

Sur cette photo sont absents Julia GUERRIER décédée le 4 Aout 1933, et Henri SINET. Après le décès de son épouse , il finira sa vie à l’hôpital hospice de Grandvilliers, ses voisins de la place Barbier.

La vie reprend son cours à Grandvilliers. L’énergie des enfants épuise Andrée malgré l’aide de la bonne. La maison est grande, les invitations sont fréquentes, l’entreprise l’accapare pour la comptabilité…

les aines et les plus jeunes ont souvent des activités différentes
escapade dans la campagne
La lecture est bien sûr fort encouragée

Les enfants sont bien entourés par les Pornon, les Ladoubart, les Gray et ont la chance de découvrir le monde de façon plutôt protégée.

Le 1er Juillet 1933 leur cousin Jean SINET se marie avec Geneviève LEVASSEUR

Cette année-là les grands-pères commencent à avoir des problèmes de santé

Renée Ladoubart prend souvent les enfants de sa soeur pour les promener

1934 Changement! Le couple Gray doit retourner en Angleterre; l’entreprise familiale étant prête à péricliter à cause de la crise économique sévissant dans le pays. Claude est déchiré de quitter Grandvilliers, ses cousins, ses amis et surtout son chien ! Le petit “frenchy” même parlant anglais doit se réadapter, il sera longtemps surnommé Frog!

La librairie de la place à Grandvilliers est louée à Mr et Mme Deschryver

Claude Gray revient pendant ses vacances.. ils en profitent pour se rendre à la mer.

Heureusement pour ses cousins Grandvillois, ils auront l’occasion de se retrouver pendant les vacances en France ou en Angleterre, au moins jusqu’à la déclaration de guerre…

lettre de remerciements de Jacques

Dès le premier Noël Marie envoie des cadeaux “british” à ses neveux de Grandvilliers.Cela leur donne l’occasion d’écrire sur de jolis papiers! (on n’est pas fils d’imprimeur et neveu de libraire pour rien !) Et de nous laisser des traces de leur humour précoce. Ils lisent avec passion tout ce qui leur tombe sous la main. L’aide chasseur Claude étant parti, Jacques commence à accompagner son père et son oncle Norbert; le début d’une autre passion. Et cette année 1934 les lapins sont si nombreux que les cuisinières se rebiffent ! Une nouvelle jeune bonne est embauchée mais elle ne convient pas et est licenciée en 1935.

De gauche à Droite: Jacqueline Sinet, Edouard Gray, Claude Gray et sa chienne, Jacques Sinet

En 1935 il fait très froid, c’est une année à grippe … Jacques commence à fréquenter les scouts. Pour féliciter les enfants de leurs excellents résultats scolaires, les adultes les gâtent : patins à roulette, bicyclette (dont profitera la génération suivante !) Pendant les vacances d’été, il va en Angleterre avec Jacqueline puis avec toute la famille à Paimpol en Bretagne… Jacques est très occupé, c’est l’âge ou naissent les passions comme les collections de timbres, le dessin, la musique.

page d’un carnet de chants scout de Jacques environ 1939

1936 pourrait être” l’année de la pluie “ dans la région de Grandvilliers, provoquant des inondations. C’est aussi et surtout l’année du front populaire et les adultes en parlent beaucoup. En juin la France s’arrête, la grève de 2 millions d’ouvriers et l’occupation d’usines paralysent le pays et bien sûr perturbent le fonctionnement de l’imprimerie : manque de matières premières … Même les enfants sont qualifiés de turbulents !

printemps 1936 la fratrie Sinet au complet à « la grenouillère » sous l’oeil attentif de PaPaul de père de Norbert Ladoubart

29 09 1936 Décès du patriarche Henri Stanislas SINET le fondateur de l’imprimerie. Il ne viendra plus voir ses petits-enfants à l’imprimerie.

Henri Stanislas SINET

Les jeunes Sinet vont à l’école primaire de Grandvilliers. Les écoles garçons et filles sont séparées. Les classes sont chargées et à plusieurs niveaux. L’instituteur s’occupe des groupes l’un après l’autre, mais l’enseignement y est excellent. Les jeunes réussissent brillamment leur certificat d’étude, et partent ensuite en pension sur beauvais ou Paris jusqu’au baccalauréat. Seul Jean-Claude le poète, rêveur, amoureux de la nature aura un peu de mal avec les classiques… Il préfère s’occuper de ses animaux, dessiner, siffler… Mais il est si attachant que les parents n’y prêtent guère attention.
Tout comme leurs parents, ils apprennent à jouer d’un instrument, sont doués pour le dessin, la peinture, la dialectique et très tôt manient l’humour… trait qui se retrouvera tout au long de leur vie.

école des Garçons de Grandvilliers, celle qu’a fréquentée André Sinet. Mr Dubut, ami de la famille, en était alors le directeur

Durant l’année 1937, Pauline Pornon perd sa tante, la sœur de sa mère, qui l’avait accueillie à Grandvilliers ; Mme Wallet avait tenu un commerce place barbier.
A l’imprimerie, rue de Beauvais des travaux sont entamés afin de « placer une belle salle à manger et un grand salon à côté de la cuisine » ce qui facilitera les réceptions et invitations fréquentes. L’étude de l’anglais s’intensifie avec une méthode sur disque, plus pratique que le cours à la radio ! La fameuse méthode Assimil. Jeux de ballon, bicyclette détendent les petits diables ! Jacques reçoit le dictionnaire Larousse de Pauline “mémé” pour le féliciter de sa première place à l‘école.

Pendant l’été, André et Andrée font un périple en voiture jusqu’à Nice qui est une de leurs escapades préférée. Ils y retrouvent les cousins Carrié après s’être arrêtés chez les cousins Pornon de Charolles .

Charolles, les cousins PORNON

Début mars 1938 inauguration de la nouvelle salle à manger ; peu de temps après, livraison d’un piano à queue “pour les filles”. Les garçons ayant opté pour les cordes…

Visite du zoo de Paris avec Paul Carrié le cousin Pharmacien.
Jacqueline + Jacques SINET, Thomas GRAY

Le 12 Juin 1938 Jacqueline fait sa communion, occasion supplémentaire de réunir cousins et amis rue de Beauvais.

Jean-Marie PORNON est assis devant la porte d’entrée où sont ses deux filles, Claude Gray est debout devant. à droite; Jean Sinet avec son fils Roger et derrière sa femme Geneviève

Le Grand père Jean-Marie PORNON, « Pépé », décède le 16 juin 1938.

Pendant les vacances, Jacques et Jacqueline rejoignent leur cousin Claude à Rochdale

Rochdale, les Gray reçoivent les deux ainés de Grandvilliers

A la rentrée scolaire, Jacqueline est envoyée à Brunoy dans les Yveline, un établissement “de qualité “ à l’enseignement réputé.
Pour son noël Jacques a reçu un super meccano, de quoi construire 20 sortes d’avions et hydravions ! Il est ravi.

la famille André SINET et le couple Norbert LADOUBART

Noël 1938, les enfants sont contents de recevoir les cadeaux . Ce noêl sera le dernier vraiment heureux et serein, la fin d’une époque.
Durant l’année 1939, le cours « tranquille » de la vie va être bouleversé.
A l’école les enfants suivent sans problème. Ils fréquentent leurs copains de Grandvilliers : Claude GAUDIERE, Paulette COUTREAU, Anne Marie PORTEBOIS, Yvonne PRACHE, Marcelle d’ARLINGER, Pierre GOSSET, Jean LANGLOIS, Pierre REJOUX, Claude et Christian DECOTTIGNIE, Guy HERELLE, Guy BOUVIER, Georges DECOUSU… les cousins BOCQUET…

le vélo est un loisir très apprécié des enfants, tout comme les patins à roulettes.

Souvent le dimanche, après le repas en famille élargie avec les LADOUBART, Pauline PORNON… , comme depuis des années,sont organisés la promenade rituelle pas très loin puis la musique en commun. Selon le temps: lecture, jeu de
société, « Tea » en direct de grande bretagne… ou si le temps est plus clément: vélo, patin à roulette, échasses dans le jardin…

Le 21 mai Jacques fait sa communion, Jacqueline sa communion solennelle tradition oblige..

21 mai 1939 devant le portail de l’église de Grandvilliers

Jacqueline réussit ses examens et est 1ère du canton… Elle en est fière !

île de maudez

En juillet toute la famille part en vacances en Bretagne à Paimpol et profite des iles de Bréhat, de l’ile de Maudez,se régalent des régates. Dernières vacances insouciantes !

vacances en Bretagne 1939
Vacances avec toute la famille, les SINET, Pauline PORNON, les LADOUBART ,

De retour sur Grandvilliers la famille Gray est là en vacances. Tout le monde est content!

Mais le 3 septembre 1939, suite à l’agression de la Pologne, la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne! Hitler dédaignant de répondre, la guerre est de facto déclarée à l’expiration de l’ultimatum, le 3 septembre à 11 heures !
Les Gray rentrent en catastrophe à Rochdale. Ils ne savent pas quand ils se reverront.
A Grandvilliers la tension monte rapidement. Des camions militaires passent en masse, les hommes en âge de combattre partent. Jean SINET est au 8è Génie Cie télégraphie. Geneviève rejoint sa famille au Tréport.
Norbert LADOUBART reprend service, et organise la mise en place des postes de communication dans la région, heureux de ne pas partir trop loin : Marseille, Glatigny…
En décembre il fait froid. À cause des problèmes d’approvisionnement du charbon, l’immense maison de l’imprimerie n’est pas chauffée, comme partout. Beaucoup sont malades, fatigués; les SINET aussi. Le soir, les lumières sont masquées. Dès novembre les écoles primaires fusionnent. Faute d’instituteurs, c’est un retraité, Mr Drouet, qui fait la classe : les filles d’un côté, les garçons de l’autre… Le tout mené à la baguette ! Les punitions vont bon train, l’ancienne méthode est de retour au grand damne des enfants, même si l’enseignement est excellent.
A Noël enfants et parents apprécient les envois d’Angleterre encore possibles : semelles de laine, mouchoirs, laine… On fait dans l’utile !!
Le tennis se transforme vite en potager, l’élevage de poulets et de lapins est accéléré. Il faut prévoir d’être autosuffisant, si possible. Cette prévoyance rendra service à bien des amis…

Domicile de André SINET Hiver 1940.. le potager qui a pris tout l’espace « côté jardin » est sous la glace

Dès le début de l’année 1940, la nature aussi se rebiffe : un temps épouvantable accueille cette nouvelle année hors du commun. Il gèle jusqu’à moins 13°, il neige…Le manteau est de rigueur même dans les maisons… Les chaufferettes tentent de retirer le froid et l’humidité des lits… Tout ce qui peut servir de couverture est utile.
Si les enfants s’amusent en batailles de boules de neige, glissades sur le verglas, pour les adultes la situation n’est guère plaisante. Pauline PORNON chute sur le verglas mais heureusement ne se casse rien.
Dans l’église même les non croyants, les anticléricaux, nombreux à Grandvilliers viennent mettre un cierge dans l’espoir que tout se termine rapidement, que leur père, leur mari, leur enfant revienne.
Les anglais commencent à s’installer sur place et commémorent avec le pasteur les soldats tués en 1914- 918 lors d’une cérémonie sur la place de Grandvilliers.

André et Jacqueline SINET, Hortense et Paul CARRIE.

Jacqueline et ses parents ont l’opportunité d’aller quelques jours sur Nice rejoindre Paul et Hortense CARRIE. Un privilège fort apprécié en cet hiver glacial en Picardie!
Jacques change de maître pour la 3è fois, Jean-Claude pour la 4è fois en moins de 6 mois!
Alors que tous croyaient l’hiver enterré, en avril la neige refait son apparition !

Mai 1940 Andrée prend la photo de sa famille, son beau frère Norbert, rappelé, est en tenue militaire.

À partir du mois de mai les évènements internationaux se précipitent. Le 10 mai 1940, l’armée Allemande passe à l’attaque. La Wehrmacht envahit les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. La Luftwaffe procède au bombardement systématique des aérodromes. .. Le bruit des canons de la défense aérienne se fait entendre. Les bombes tombent sur Compiègne, Pontoise, aux environs d’Amiens, Albert, Abbeville…(Péronne bombardé dans la journée du 17, Amiens le dimanche 19). Au bout de 10 jours, les chefs de la meilleure armée du monde savent que tout est perdu. L’évacuation des populations de la région d’Albert
et de Corbie se poursuit : automobilistes, chariots de cultivateurs, piétons en grand nombre. Après lesHollandais et les Belges, 10 millions de Français se ruent sur les routes pour fuir.

Pour l’instant, Grandvilliers n’étant pas un objectif primordial, échappe aux bombardements mais les réfugiés passent, visant le sud ou l’ouest. Dès le 10 juin, des voitures Hollandaises surchargées, puis des belges, les gens du nord, des voitures à cheval avec là aussi des charrettes débordant d’objets hétéroclites; progressivement des piétons avec brouettes, vélos pour porter les plus faibles, sacs et valises trop lourds, déjà bien fatigués défilent dans les rues de Grandvilliers. Cette vague de milliers de personnes vident les magasins de la ville. Avec toute cette foule, certains parents n’osent plus envoyer leurs enfants à l’école (cf mémoires de Colette BEAUVALLET amie de Jacqueline)

Amiens après les bombardements du 19 mai 1940

Jacques et ses amis curieux de voir ce qui se déroule au loin, montent dans les greniers, certains dans le clocher… Tentant d’apercevoir les avions, la fumée, les fusées éclairantes… Jacques et Jacqueline essayent de travailler “sérieusement” leurs cours. Pour Jacques c’est l’année du certificat d’étude!

Le 20 mai suite à un voyage au nord de Grandvilliers, André prend sa décision: la famille doit être évacuée en des lieux plus sûrs! Heureusement ils ont toujours gardé contact avec nombre de cousins habitant plus au sud.
André SINET raconte l’exode de la famille sur deux courriers fort intéressants :
Le 20 mai 1940, départ à 6h du matin avec 3 voitures, 2 remorques pour emporter le plus de choses, vélos, matelas, couvertures, vêtements, casseroles, mais sans avoir pu récupérer de liquidité … et le plus d’alimentation possible car ils partent nombreux : Les SINET au complet, les LEMAIRE, CARRIE, LADOUBART sauf Norbert. Ils ont eu raison de préparer « tranquillement » leur départ. Bien des amis tels que les HERELLE, REJOU…, qu’ils avaient alertés ne l’ont pas jugé nécessaire et ont été évacués d’urgence le soir même après les premiers bombardements.

Après un premier arrêt chez Berthe Galerne, cousine de Chaudun, ils descendent jusqu’à Loudun un peu en dessous de la Loire chez Arthur CHABAILLE 3 rue Renaudot. Celui-ci les accueille volontiers. Ils pensent y être en sécurité pour un bon moment .

Huit jour après, le 29 mai , André revient sur Grandvilliers avec Renée Ladoubart, les cousins Carrié pour voir ce que devient la ville, tenter de récupérer des objets nécessaires à la vie courante . Grandvilliers a été vidée de ses occupants, très peu restent. Pour l’instant l’imprimerie est intacte, la présence de Mr BOSSU ayant évité le pillage. Le plein des voitures est fait, ils ramènent Yvon DEMANGE et sa fille, Yvonne DIGEON PETIT et sa fille. les voitures et remorques encore débordantes du nécéssaire ..

Centre de Beauvais après les bombardements qui ont eu lieu entre le 18 mai et le 9 juin 1940

Le 8 juin, voyant que la situation risque de durer, André et Fernand LEMAIRE veulent revenir sur Grandvilliers. Fernande Lemaire, institutrice, devant officiellement reprendre son service. Ils partent avec 2 voitures. En route ils apprennent que les Allemands se battent sur Brombos, que Grandvilliers a subi de gros dégâts, l’imprimerie est touchée, 2 civils sont morts… Il faut absolument voir ce que devient la ville, où sont les relations dont ils n’ont pas de nouvelles… Mais le voyage est interrompu , ils poussent vers Dreux à l’inspection académique, passent par Sablé où ils retrouvent leurs amis Lequen, Dubut, Beuzelin. Ils apprennent que Jean Sinet à été blessé lors d’un accident de voiture et est soigné à Bordeaux. Retour à Loudun sur un échec.. Par un car venant de l’institut Prévost de Cempuis, ils en apprennent un peu plus sur Grandvilliers.. les dégats ont beaucoup augmenté, l’imprimerie est touchée, deux civil sont tués . Cela ils le savaient.

Rester aussi nombreux dans la ville de Loudun n’est guère possible. Ils finissent par trouver une ferme à louer à Niorteau à quelques km de Loudun . Le fermier étant mobilisé, son épouse est repartie chez ses parents. Ce contrat arrange tout le monde, la sympathie est un plus!

Là encore la chance leur sourit . ils échappent de peu aux bombardements.Le 18 juin 1940, la ville de Loudun où des milliers de personnes fuyant l’ennemi se sont réfugiés, est bombardée: 20 morts. Les allemands arrivent sur cette région … Les Carrié partent dans l’Aveyron près de leur famille. Les autres organisent leur vie à la ferme, rejoints par le frère et la belle-sœur de Pauline, les Duplessis. André résume: “ Mme Pornon, grande cuisinière dirige les repas pour 20 personnes, grands et petits. Mr LEMAIRE est le directeur comptable, Yvon et l’oncle sont les bricolos, moi je jardine et m’occupe de la vigne. Pour les femmes c’est ménage, couture, baquets… les bicyclettes permettent d’aller jusqu’à Laudun pour le ravitaillement et les nouvelles, bien que nous ayons la TSF. Les enfants passent de véritables vacances d’une grande qualité.”
Les parents s’angoissent sur l’avenir de la France, les discussions vont bon train et ils s’inquiètent pour la famille en Angleterre. Pas de nouvelle…

18 juin 1940 Le Général DE GAULLE prêt à s’adresser à tous les Français – photo doc internet

Le 18 juin 1940, à la TSF, les exilés entendent l‘appel du général De Gaulle! Enfin ! Un meneur qui peut changer les choses! Les espoirs reprennent, la France va s’en sortir grâce à tous. En Angleterre Marie Gray-Sinet adhère immédiatement et sera jusqu’à la fin partie prenante du combat, avec le soutien inconditionnel de Thomas Gray, son époux. Réception de soldats blessés ou au repos, cours de français aux combattants.. contact permanent avec les résistants et l’armée de la France libre.

Marie Gray et ses « hôtes » à Rochdale

Le 22 juin 1940 :Douche froide pour les patriotes: l’armistice est fêté joyeusement par les allemands qui logent dans la ferme…

1940 exode : ferme de Niorteau près de Loudun, remarquer les malles sur la remorque

Entre temps Jacques passe son certificat d’étude à Loudun. Il est deuxième. Puis ce sont les vraies vacances pour les enfants. Les parents, eux, se font un « sang d’encre »!

1940 exode à Niorteau. tous participent à la vie à la ferme comme ils peuvent.

De nouveau une expédition est prévue sur Grandvilliers pour faire le point sur la situation locale. Que faire? Rester à Niorteau ou regagner Grandvilliers et l’entreprise ? Dans quel état ?
Les adultes échafaudent une expédition à Grandvilliers avec Fernand LEMAIRE, Mr CAULIER et Renée LADOUBART.

En arrivant sur Grandvilliers, ils sont désolés mais pas surpris du triste tableau qui se présente. Ils viennent de traverser Beauvais dont le centre est détruit à 80% , André s’attend à trouver Grandvilliers par terre. Les 6, 7 et 8 juin 1940, les bombardements et l’incendie ont totalement détruit 163 maisons, une partie des édifices publics: l’ancienne halle de blé, la salle des fêtes et l’Hôtel de Ville.

place centrale de Grandvilliers après les bombardements juin 1940
1940 trou de l’obus dans la salle rue de Beauvais , dessous la salle des machinesest très endommagée

La librairie SINET n’existe plus, la maison du franc marché est très abimée, à l’imprimerie un obus a traversé le salon et explosé dans la zone de composition. La réfection a neuf de cette partie a permis aux murs de tenir mais les dégâts sont importants, André compte 250 carreaux brisés !

Grandvilliers rue de Rouen maison Ladoubart après les bombardements 1940

La petite maison des LADOUBART est partiellement détruite par la bombe qui a aussi endommagé la maison principale .
Vers le centre la maison de Jean SINET est rasée ainsi que bien d’autres… A leur arrivée très peu d’habitants sont sur place, maximum 200 personnes. Les arrivants sont scandalisés par le pillage des maisons vides effectués pas les Grandvillois qui sont restés. A l’imprimerie placards et armoires sont vides et la cave aussi ! Le petit mobilier ainsi que tableaux et tapis ont disparu. Seuls restent les gros meubles difficiles à transporter. “Tout a été pillé, désordre et saleté sont indescriptibles”

1940 Grandvilliers après les bombardements

Renée LADOUBART retrouve quelques “affaires protégées  » chez certains voisins, mais André n’ayant aucune indication ne sait où chercher. Heureusement qu’ils avaient pu emmener avec eux le minimum vital !

Ils restent 3 semaines sur place, aidant le bourg à reprendre vie. La classe a lieu dans le grand bureau de l’imprimerie sous la gouverne de Mme Seigneur. Geneviève Sinet préférant allez chez Mme Hérelle, André propose à d’autres Grandvillois sans toit de venir s’abriter à l’imprimerie, comme les Legrand…
Finalement André prend la décision de faire revenir sa famille à Grandvilliers, sans précipitation. Il retourne à Niorteaux le 15 août .

Le premier septembre 1940 la famille ainsi que les amis retrouvent un bourg métamorphosé.
Un recensement daté de juillet 1940 indique 161 maisons complètement brûlées, 20 inhabitables, une quinzaine endommagées!

Pour les enfants le contraste est rude : vacances libres, en communauté avec les amis à la campagne (même s’ils ont vécu le stress de l’exode) et la vie sous contrôle à cause des risques, restrictions alimentaires, la maison familiale endommagée, beaucoup de leurs souvenirs d’enfance “envolés” …
Jusqu’à la fin de l’année ils logent place Barbier chez Pauline PORNON , leur grand-mère; les parents y prennent leurs repas mais dorment rue de Beauvais. La jeune bonne est restée à Loudun où elle a trouvé une place.

Grandvilliers après les bombardements 1940

Jacques prépare son certificat d’étude complémentaire. Il apprend l’anglais et l’allemand puis il entame ses années de pension dans la région parisienne chez les “frères des écoles chrétiennes ” à Passy Buzenval
… Henri SINET, son grand-père libre penseur, doit se retourner dans sa tombe ! Mais les parents pensent enseignement de qualité en une période bien troublée. Donc Jacques quitte sa vie de jeune privilégié à la campagne dans un milieu plutôt libre et se confronte avec d’autres jeunes venant d’horizons fort divers mais souvent mâtinés de religion…
Retour à “la maison” seulement pour les vacances.

école de passy buzenval à Brétigny sur orges
rue Marbeuf Paris Jacques y rejoint les Carrié pendant le week end

Début 1941, Pauline PORNON et les enfants SINET regagnent l’imprimerie, la maison de leur grand-mère étant louée à “toto Forestier”. Depuis les bombardements, les locaux se font rares, ceux qui restent debout sont utilisés pour les besoins élémentaires.
Le couple n’ayant plus d’aide, Pauline a charge de la cuisine, Renée s’occupe de la maison. Il faut caser les meubles de Marie Sinet qui étaient Place Barbier. Leur contenu qui n’a pas été volé sera bien utile par la suite!
A l’imprimerie le travail reprend doucement. Heureusement, il n’y a pas de victime dans le personnel, mais 5 sont prisonniers c’est déjà trop et beaucoup d’inquiétude. Les machines sont à remettre en état. André reprend ses allers retours sur Paris pour contacter ses clients et amis…

rue st Lambert paris 15è

Il dort sur place dans leur appartement au 15 rue st Lambert dans le 15è , à cause des problèmes de transport, de couvre-feu… Il démarche la clientèle et apporte à ses amis des victuailles de la campagne… Il risque gros en cas de contrôle … Pour l’anecdote: Un jour le contrôle de la gare de Paris lui fait ouvrir sa valise. À l’intérieur, des aliments pour le directeur des laboratoires pharmaceutiques avec qui il travaille (Robert et Carrière)…Panique !! Le chef de la gare du nord, responsable des contrôles, lui sourit en entendant son laïus. Sa propre fille doit la vie à ces mêmes personnes ! André est libéré ! Il l’a échappé belle!
A Grandvilliers le Journal peut reparaître mais sous contrôle Allemand, sans publicité et avec obligation de certains articles…Après avoir hésité, André se dit qu’il faut vivre et que le rôle de son journal est d’informer au mieux la population, surtout en de telles circonstances. Véhiculer les annonces officielles, les informations locales est un devoir même si l’on est en opposition avec le gouvernement. De plus divertir tant que faire se peut avec des romans à épisodes, des anecdotes en ces temps plus que sombres… Il se doit de le faire. Cela ne l’empêche pas d’écouter les postes anglais, et d’aider autant qu’il peut ses relations anglo-françaises, ses amis parisiens, de rester un point de chute pour les « passants inconnus »… Chacun fait ce qu’il peut.

Les avions alliés jettent des tracts anti allemands, les avions allemands des tracts de désinformation.. forme de guerre par tracts interposés pour modeler les opinions .. chacun y trouve ce qu’il veut!

Les Allemands de Grandvilliers logent dans presque toutes les maisons mais apprécient le “château” De Saint Fuscien… Son propriétaire, médecin de Grandvilliers déclare une épidémie de scarlatine, ce qui fait fuir ces occupants inopportuns !

Famille André SINET, Pauline PORNON, couple Ernest PORNON, Couple Paul LADOUBART , Renée Ladoubart

Pour les enfants la vie reprend. Les grands en pensions reviennent aux vacances se nourrir correctement et revoir leurs amis.
Pendant les vacances de la pentecôte, Maryse, Colette et Pierre, neveux de Mme WARANGOT grande amie de la famille SINET viennent à l’imprimerie. Geneviève HOVETTE est avec eux.

la fratrie de Jacques SINET , leurs amis Warangot et Hovette

En cet été 1941 les enfants ne pourront aller au bord de mer pour leurs vacances. Mais l’imagination des jeunes est là…Patin à roulette dans les couloirs de la maison, vélo pas trop loin, théâtre avec les copains, musique et chant, et toujours peinture et dessin, lecture, étude de l’anglais…

Les Gray participent à la manifestation du 15 novembre 1941 à l’Albert Hall.

L’hiver est de nouveau très froid jusque moins 14 degrés ! Beaucoup de légumes gèlent ! Déjà que les denrées sont rares… Pour les parents cela est un véritable problème. Sans compter le nombre de congestions pulmonaires dues au manque de chauffage et de vêtements suffisamment chauds.


1942 Dès son retour, le maire, Frédéric Petit, organise le logement des sinistrés, le remembrement et la reconstruction de la commune qui peut commencer début 1942.

Des « baraquements » d’urgence sont installés place de la cense pour reloger les sinistrés des bombardements.

Famille SINET au complet dans le jardin de l’imprimerie

La promotion de Jacques à Passy . Il est à remarquer que sur toutes les photos de groupe “Sinet” est au centre !


Les papiers d’identité sont à refaire, c’est l’occasion de présenter la fratrie en détail !

Jacqueline 16 ans
Jacques 14 ans
Jeanne 10 ans
Jean-Claude 9 ans
les 4 Sinet avec Colette, Maryse.. rue de Beauvais
les 4 jeunes SINET, Colette, Maryse Warangot et Genevieve Hovette

Entre eux ils reprennent les chansons satiriques anti allemandes sur des airs connus, comme Boom! quand les avions font boom.. ou des Hitler yop la boum !

Jacques SINET été 1942

Les vacances se déroulent de nouveau à Grandvilliers avec les copains et toujours vélo, lecture, musique, théâtre.
Gymnastique et pour se baigner le mieux sont les ballastières à Aumale, ou la vallée de Taussacq accessibles en vélo.

Famille SINET chez les Ladoubart 1942 rue de Rouen Grandvilliers


En 1943 Jacqueline est toujours en pension à Brunoy dans les Yvelines où elle poursuit ses études.

promotion de Jeannette Sinet à gauche au 2è rang, école de la légion d’Honneur

Jeanne,sa sœur dite Jeannette, rentre en pension à la légion d’honneur, école très stricte mais à laquelle elle s’adapte bien car les études lui plaisent. Comme ses ainés elle ne revient que pour les vacances.
Jacques est toujours à Passy mais sort le Week-end sur Paris où la famille à un appartement rue St Lambert dans le 15è (entre les Rues Vaugirard et Lecourbe). Les cousins Carrié pharmacien, très proches de la famille habitent 14 rue Marbeuf dans le 8è. Jacques ose y débarquer à n’importe quelle heure ! Quitte à se retrouver sur le palier !

Jean-Claude et Jeannette ont plaisir à se revoir durant les vacances

Jean-Claude se retrouve donc seul enfant rue de Beauvais, mais heureusement il a ses amis les animaux, chien, lapins, sa basse-cour.

Jacques, Andrée, André, Pauline, Jean Claude, le héros du jour .. 23 mai 1943

Le 23 mai a lieu sa confirmation, le costume n’est pas aussi élégant que pour ses ainés, guerre et restrictions obligent!
Le dimanche, les repas de famille alternent rue de beauvais et rue de Rouen… Les anglais leur manquent, sans les “grands” la vie de la maisonnée doit être bien plus calme pour les parents !

Mais les soucis sont toujours là: trouver le budget pour assurer les études,(les clients de l’imprimerie se font rares), faire face aux pénuries des vêtements, chaussures… (lors du pillage de la maison tout a disparu, heureusement Pauline qui n’a pas été cambriolée peut fournir des fonds de tissus)… Mais les années de guerre se suivent et les enfants grandissnnt, il devient difficile aux couturières de renouveler les tenues. les pantalons et les robes raccourcissent! Pour Jeannette le problème est résolu, étant habillée par la pension. Heureusement que le grand jardin permet de bonnes récoltes à partager entre amis et famille.

Jardin de la « Grenouillère », comme à « l’imprimerie » la surface du potager est optimisée.
1943 « la grenouillère » chez les Ladoubart ; Jacqueline prend la photo

Autre souci pour André et les adultes de la famille : en octobre Jacqueline présente une fatigue très anormale qui inquiète parents et médecins.
Les noêls sont bien plus tristes qu’avant-guerre, plus de petits mots ni présents en provenance de Rochdale, mais la famille a au moins le plaisir de se retrouver quelques jours au complet. Le piano même désaccordé accompagne violons et violoncelle… Les voix des chansons envahissent la maison. Le bruit des patins à roulette envahit les grands couloirs. Les gags tentent d’éloigner la morosité ambiante. Et les cuisinières inventent au mieux des plats avec ce qu’il reste du potager, des conserves d’été ou du gibier qui lui aussi se rarifie. Chacun espère que l’année qui arrive apportera du nouveau sur le plan international !
Que la vie redevienne ce qu’elle était!

rentrée scolaire1944 à Brétigny, chez les frères des écoles chrétienne
Grandvilliers place principale, l’évacuation des gravats continue, un premier batiment provisoire est construit pour la poste
Les troupes d’occupation sont omniprésentes

1944 Année de l’espoir !
Jacques retourne à Brétigny-sur-Orge chez les frères des écoles chrétiennes, Il rend souvent visite à sa cousine, fille de Ernest Duplessis qui habite pas loin; Rares plaisirs en ces temps de guerre : rendre visite aux amis ou les recevoir

Visite chez les Chevaillier, amis des Ladoubart et Sinet

Peu de photo de famille, ni de courrier en cette année de bouleversements…

1944 rue de Beauvais, enfants Sinet et Chevaillier

Le lierre planté en 1934 le long des murs de la maison atteint les chambres à l’étage.

En Angleterre, les Gray s’investissent toujours dans l’aide aux soldats

courrier d’information adressé à Marie Gray
Jacques SINET 1944

Jacques joue les touristes parisiens le dimanche avec son appareil photo autour du cou !

Promotion de Jacques Sinet à Passy: devinez qui est tout sourire au centre!

JUIN 1944 ! ces jours resteront dans la mémoire des français et de tous les peuples pris dans le maelström de la seconde guerre mondiale.

Plages de Normandie…au lendemain de l’assaut

Au petit matin du 6 juin une gigantesque armada maritime permet à des dizaines de milliers d’hommes de débarquer sur les plages de Normandie. Point de départ de la reconquête de la France occupée.
L’opération se poursuit par la jonction des forces de débarquement, l’acheminement d’hommes et de matériel supplémentaire et la mise en place de structures logistiques pour ravitailler suffisamment la ligne de front.
Les français suivent assidument les nouvelles à la TSF, adultes et jeunes sont très attentifs à l’évolution rapide de la situation.

Pendant ce temps les épreuves du baccalauréat sont organisées. A Beauvais, le lycée est occupé par les Allemands, les épreuves se passent dans les écoles de Therdonnes, les élèves sont logées sur place. Jacqueline et ses amis, Marie Thérèse Goré, Anne Marie Portebois, Claude Decottigny, Colette Beauvallet.. tentent de se détendre au son de la marche turque jouée par Jacqueline.. Pendant les examens, l’aérodrome de Beauvais Tillé est bombardé! à peine 5 km de distance. Le bruit, le stress perturbent les jeunes qui bien sûr échouent à leur examen!

Jacques Sinet, détente juillet 1944

Le 13 août Grandvilliers est bombardé par les alliés pour “préparer le terrain”. 4 maisons du franc marché sont détruites ainsi que l’usine à Gaz. Chez les Ladoubart toutes les provisions sont perdues mais ce n’est rien par rapport aux 3 morts (dont le boucher du franc marché). La famille Sinet part dormir une nuit à Cempuis, de peur d’une nouvelle attaque.
Pour les alliés, l’obstacle déterminant est le franchissement de la Seine, ce qui est fait à Vernon, le 25 août par les troupes britanniques du Général Horrocks

26 aout 1944 Le general DE GAULLE passe les troupes en revue à Paris

Le 26 août, les Américains passent la Seine à Melun et sont aux portes de l’extrémité sud-est de l’Oise le 27 août. Face aux unités blindées des Alliés, le général allemand Model ne peut opposer que des combattants affaiblis, les vétérans de Normandie ayant été envoyés au nord-est pour se réorganiser et préparer la défense de l’Allemagne. Model espère reconstituer un front défensif sur la Somme. De plus les unités dont il dispose sont peu motorisées. Ses ordres consistent donc à « se retirer en combattant, à ralentir au maximum l’avance ennemie ». Le cours de l’Oise constitue un enjeu capital dans les combats qui opposent les Alliés et les Allemands. Le 28 août les américains libèrent Betz et Vaumoise, avant de filer vers Villers-Cotterêts et Soissons. Le 29 août est une journée de répit dans les combats. Du côté allemand, l’ordre est au repli !!
Les isariens sautent de joie.

Le 30 août 1944, les premières autos militaires britanniques sont à Grandvilliers. C’est enfin la libération tant attendue !!

30 08 1944 chars Sherman rue de Beauvais Grandvilliers

Des soldats du 44e RTR de la 7e Division Blindée britannique entrent dans Grandvilliers, affrontent les soldats du LXXIV Korps allemand. Avec l’aide des FFI, une centaine d’Allemands sont faits prisonniers. Au total heureusement peu de lutte mais des incidents avec les allemands en fuite poursuivis par les résistants locaux.

1er septembre 1944 prisonniers allemands guidés par Jean Bigand … col G Monceau
Un canon automoteur Priest Sexton passe devant l’imprimerie 08 1944

Les enfants SINET qui parlent assez bien anglais expriment toute leur joie aux libérateurs. Jacques fait plus précisément connaissance avec un tommy qui connait Thomas Gray, leur magasin à Rochdale : Mr Townson. Jacques espère pouvoir rejoindre bientôt la famille outre-manche, ne réalisant pas qu’il faudra encore plusieurs mois pour ce faire.
Les adultes pensent départ des oppresseurs, liberté de mouvement, de s’exprimer, reconstruction de la ville détruite, reprise de l’activité économique … Il y a tant à faire.

Vue sur Grandvilliers , établissements Goré détruits.. noter le cheval tirant une cariole.. (photo de Mr Latronico)

Le même jour, Beauvais est libéré ainsi que tout l’ouest du département par les régiments du Général Montgomery secondés par l’action des résistants français. Puis ce sont Chaumont en Vexin, Méru, Cinqueux et Noailles et le 31 août, Chantilly, Senlis, Creil, Nanteuil-le-Haudoin . Pendant ce temps les Britanniques « nettoient » l’ouest du département, en particulier dans la région d’Auneuil avec l’aide des FFI. Les résistants paient un lourd tribut au cours de ces opérations. Le 1er septembre, par un temps radieux, les troupes américaines entrent dans Compiègne …

Grandvilliers : cérémonie du 3 septembre 1944 André de st Fuscien, Gérard Drugy… col G Monceau

Dès le 3 septembre1944, une cérémonie patriotique est organisée en hommage aux soldats morts. les Grandvillois découvrent certains résistants de l’ombre..

Septembre 1944 prisonniers allemands grandvilliers

Les prisonniers de guerre Allemands sont immédiatement affectés au travaux de déblaiement de la ville

Jeanne Sinet en tenue scolaire

Septembre c’est aussi la rentrée malgré tout pour les étudiants. Le régime des cantines n’est pas près de s’améliorer, les restrictions vont encore durer plusieurs années ! Commentaire de Jacqueline sur la pension de St Denis : ”La discipline est sévère, il faut s’y habituer, la nourriture pas fameuse surtout l’année dernière (rutabagas, choux, carottes) ce qui n’a pas empêché JEANNETE de prospérer d’une façon étonnante ! La mauvaise graine pousse vite”

Jacques SINET plein centre 3è rang « promotion Leclerc »

Jacqueline tente de reprendre les cours mais est de plus en plus malade. Elle doit suivre un régime protéiné avec beaucoup de viande rouge et des fruits frais ce qui en ces temps de restrictions n’est pas des plus évidents. Elle finira par arrêter le lycée et suivre des cours à domicile pour pouvoir présenter le bac.
Pour leur père directeur d’un journal qui a continué à paraître sous l’occupation, les angoisses ne sont pas terminées… après les Allemands qui contrôlaient tout, ce sont les nouveaux dirigeants qui vérifient s’il n’y a pas eu collaboration… le journal est sous séquestre pour plusieurs mois en attente de jugement. L’hebdo ne peut paraître. De plus avec les trains qui ne fonctionnent pas, André ne peut servir sa clientèle parisienne, ni démarcher d’éventuels nouveaux clients.
Enfin quelques nouvelles d’Angleterre! Claude est toujours au collège, devenu “magister”, non mobilisé pour le moment.
A Paris, Jacques passe ses sorties » au 14 bis » soit chez les Carrié , soit chez leurs voisins, les Momy dont la fille était professeur de Jacqueline.
Le 11 novembre, des amis de la famille, les Gil-Rollard adoptent un petit blondinet qui devient vite la mascotte des enfants Sinet. Déjà il y avait la filleule de guerre de leur Renée Ladoubart , Jeanine, qui les avait fait “craquer”, amenant la joie dans les maisons !

Jacqueline, Jean Claude Sinet + François Gil

Leur cousin Michel Bocquet qui était dans le maquis du Vercors depuis février 1944 est venu en permission, avec citation et croix de guerre gagnée en Alsace.

André Bocquet « cousin » de Jacques lors de la remise de sa décoration

Noël arrive sans nouvelle fraîche de la famille de Rochdale, même si le courrier a un peu repris depuis quelques mois. De nouveau les vacances se déroulent à peindre, dessiner, écouter de la musique… Mais à la radio “que” des horreurs pour nos jeunes avides de modernité. Ils ne supportent pas Jean Sablon et ”sa voix de guimauve”. L’influence américaine datant déjà de plusieurs années, le piano swingue de plus en plus, le Jazz arrive en force et la jeunesse veut danser !

1945 Le matin du 1er Janvier arrive un télégramme de Rochdale. Tous se précipitent à la poste pour répondre,mais impossible de faire partir la dépêche ; la poste française ne prend pas les télégrammes de vœux ! Quelle déception ! “Lundi s’est vite passé et mardi matin à 7h nous partions pour Paris. Jeannette et moi car la rentrée était fixée au 3. Maintenant me voilà en boite pour 6 semaine ou peut-être jusqu’à Pâques.” Jacques
Dans une lettre, André SINET raconte comment l’enthousiasme spontané de la libération s’est vite dissipée, la libération de Grandvilliers n’est pas la libération de l’Europe. Il leur est impossible de correspondre avec la famille outre-manche. “Les rusés et la suprématie ont changé de camp”

aquarelle Jacques Sinet

L’hiver 1945 est rigoureux, la neige sévit pendant 3 semaines avec un vent puissant qui crée des congères sur les routes. Même les transports de ravitaillement militaire sont difficiles. « Les combustibles sont inexistants ou inabordables ! » les maisons glaciales. Le téléphone est coupé. A paris tout est sous restriction, pain, viande manquent. André regrette de ne pouvoir aider ses amis car même à Grandvilliers tout vient à manquer.
Durant cette année la promotion du lycée de Jacques est nommée “promotion LECLERC”. Jacques et ses copains éditent une revue de lycée “ le trait d’union” qui perdurera au-delà de leur fin d’étude. Bernard Lescure, Marc Jouin, Pierre Baraduc, Pierre Cordier … y participent
Jacques se plaint de ne pouvoir continuer sa collection de timbres depuis un moment, ceux-ci étant trop chers. Pour les parents le problème est bien plus grave car le prix de la nourriture flambe, la maison ne peut être chauffée, le marché noir qu’ils avaient pu éviter en étant à la campagne bat son plein. Le prix du train augmente de 40% en peu de temps !
Le 4 mars 1945 Renée Ladoubart commente la vie quotidienne : “ La vie est si compliquée, je cours toujours sans jamais avoir fini ! Norbert fait toutes les tournées à Bicyclette. Il a retrouvé la ligne. Certains jours il est fatigué surtout que Lemoine est parti. Il faut scier du bois, en trouver est déjà tout un problème surtout lorsque l’on n’a rien à offrir en échange. Toutes les semaines, c’est la course au beurre, aux œufs. Il faut l’avouer, la vie est encore plus difficile qu’avant la libération, mais tout cela n’est que petites misères et en pensant aux prisonniers on peut avouer que nous sommes très veineux !

tour de France de Notre Dame de Boulogne, retour par l’Oise

De retour en son pays, “Notre dame de Boulogne” partie sur les routes depuis le 28 mars 1943, pour un long pèlerinage à travers la France, est encensée par les croyants et les non croyants. En cette période, elle est devenue le symbole du retour de la paix et du retour des prisonniers, des déportés. L’accueil de ces statues (il y en a 4 à travers la France) occasionne des manifestations grandioses : arcs de triomphes, multiples décorations et mobilise des foules, pieds nus, priant et chantant…

Avec le printemps arrivent les prisonniers français ainsi que les déportés de Buchenwald avec leur mine de cadavre, marqués à vie.
Le journal est toujours sous séquestre, la censure contrôle le courrier.

Mais les parents Sinet s’inquiètent pour leur ainée Jacqueline. Elle maigrit à vue d’œil tout en mangeant correctement, mais garde un moral d’acier et un humour corrosif.

Jacques, Jean-Claude, Jacqueline, Jeanne SINET rue de beauvais Grandvilliers

Extrait d’un courrier de Jacqueline : “Les prisonniers commencent à rentrer. Ceux qui étaient dans les fermes, en assez bonne santé, les autres, hum !! Environ 5 à Grandvilliers sur une cinquantaine. Aujourd’hui, un ancien ouvrier de l’atelier, Lhotellier, un roux que Papa aimait bien, ne reviendra pas. Il a été tué dans un bombardement en Allemagne. Il est triste de penser à tous ceux qui ne rentreront pas. On annonce aussi quelques déportés qui arrivent dans un état affreux. Au camp de Buchenwald, ils auraient tous été tués quelques heures après leur délivrance, si les américains n’étaient pas avancés en pointe pour atteindre le camp le plus vite possible. Il est difficile d’imaginer tout ce que les SS ont fait. On ne peut évidemment pas traiter avec ces bêtes plus que féroces ! Il est bon que les américains se soient rendu compte par eux-mêmes de ce qui se passait. Je me demande où peut se fourrer Hitler, il n’a plus beaucoup de place pour se remuer. Nous écoutons tous les mardis soir à la TSF  » le club des optimistes  » avec max Regnier.”

Jacqueline qui ne peut plus assister aux cours est la seule jeune! avec François Gil

Après les vacances de Pâques, Jacques retourne en pension à Brétigny. « Il se débrouille bien en anglais (sic Jacqueline) travaille bien et est sûr d’être reçu à l’examen. Il pratique toujours le violon« . Il profite d’être à Paris pour aller au cinéma car ce qui est proposé à Grandvilliers n’est pas “terrible”. Le cinéma ayant été bombardé, ne leur sont proposés que de « vieux films projetés dans un garage avec un son épouvantable« . Plus que jamais le problème des vêtements et des chaussures se pose, toutes les réserves de vieux tissu ayant été utilisées. Jean Sinet qui s’est installé comme marchand de chaussures a bien du mal à se fournir. Le troc est dans l’air du temps pour les pieds des enfants qui grandissent trop vite !

Enfin les évènements internationaux prennent un tournant radical avec le suicide d’Hitler le 30 avril. Il sonne le glas des derniers espoirs allemands. Il revient à son successeur L’amiral Dönitz de demander la cessation des combats. La capitulation est signée sans condition, à Reims le 7 mai par le gl Jodl au quartier général des forces alliées.
Le chef d’état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov signent l’acte de capitulation au nom des vainqueurs. Le général français François Sevez, chef d’état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de témoin.

Rédition de l’Allemagne à Reims

La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01.
Mais la Rédition de l’Allemagne nazie n’est pas paix ! Si les chefs d’État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe, le Japon poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l’océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour le contraindre à capituler, près de quatre mois après l’Allemagne.

Le Lycée de Jacques fête en grande pompe le 8 mai 1945. Trouvez Jacques. toujours bien centré sur la photo! 5è rg à partir du haut

Pour le plaisir d’André, dès le mois de juin la chasse est ouverte… Mais reste le problème des munitions introuvables.. il va tenter du côté de Thomas en Angleterre..
Dans le pays exsangue, il faut du temps pour que les choses se normalisent. C’est l’heure des “comptes moraux” avant d’être celui des “comptes perdus”. Les actes anti-patriotiques commencent à être dénoncés, les pillages de la période des bombardements par des habitants du bourg connus laissent aussi certains “froids”. Le retour de quelques prisonniers de Dachau, squelettiques, impressionne les locaux et la réalité de ceux qui ne reviendront plus casse le moral. Une forme de désenchantement suit la joie des premiers jours de liesse. L’avenir est loin d’être rose. Le temps des restrictions ne se termine pas comme par magie… Pour occuper les jeunes durant leurs vacances d’été, il reste les scouts, la promenade, les virées à vélo, la baignade aux ballastières d’Aumale et toujours les passions : peinture, lecture, musique.

Lieu de baignade dans la vallée de la Bresle.

Du coté des adultes Sinet, deux alertes donnent un souci supplémentaire : Pauline Pornon passe 5 semaines à l’hôpital suite à une appendicite perforée et Renée Ladoubart attrape une encéphalite. Heureusement elles s’en sortent toutes les deux
Commentaire de André Sinet de juillet 1945… Extraits de courrier de toute la famille
L’ennemi et la guerre ne sont plus là, mais l’après-guerre, pour ne pas encore parler de la Paix, est singulièrement, étrangement précaire. Evidemment, nous revenons de bien loin, nous n’imaginions pas que le retour vers la normale serait aussi laborieux. Peu de progrès, sauf dans les transports. Nous allons à Paris en 2h 3h ou 4h au lieu de 14h. L’alimentation dans les régions non productrices ? Les marchandises de toute sorte ? Les matières premières ? Le charbon que parait-il nous ne verrons pas encore cet hiver…. Et le petit employeur que je suis qui doit représenter une chose sacrifiée. De son sort ? Il n’en est pas question, tant pour les employés dont les salaires montent éperdument, mais comme cela est fictif, où est le progrès ? C’est la hausse vertigineuse qui parait-il nous fait déjà attendre voire dépasser le double des prix mondiaux. Comme super sacrifiés, il y aura comme après 18 la masse des petits rentiers, épargnants, tous ceux qui ne pourront travailler aux… nouveaux cours. Je garde une confiance indéfectible en l’avenir de mon pays, mais quels redressements à escompter dans tous les domaines, physique ou moral. Que de travail pour les curés et les maîtres d’école. Quel nouveau Poincaré criera : « Halte-là » au bord du gouffre monétaire, financier, économique ! Quel Clémenceau pour brider les éléments humains désaxés, déchaînés ?
Comme tous les journaux ayant paru sous l’occupation, l’hebdo est compris dans les ordonnances les suspendant, voire les supprimant. L’imprimerie est sous séquestre. Je continue les travaux d’imprimerie, mais pas mon journal. J’espère que le…« Collaborateur » par force que je fus échappera à de possibles poursuites qui menacent…

(Au-dessus du courrier de Jacqueline André rajoute : « erreur ou folie – le père »)
Chère Tata Marie et Tonton Tom, mon paternel me passe la plume pour que je vous envoie les plus doux, les plus chauds, les plus affectueux baisers. Quel plaisir nous causent tes lettres ! Nous nous sommes amusés avec les histoires de tes élèves ! Quand pourront-nous rire ensemble ? Jacqueline
J’arrive à la maison pour 3 mois. J’espère fermement que Tata Marie et Tonton Tom viendront m’y rejoindre afin d’y passer ensemble quelques heureux moments ! Puisse Claude être avec vous. Jeaannotest à l’école. Je l’associe à mes baisers pour vous. Jeannette.
Que puis-je écrire maintenant que ma sœur Jeanne la très distinguée helléniste et très callée latiniste a mis un mot sur ce parchemin. Car je ne sais qu’un pauvre type, abruti par quelques 8 mois de déportation dans un camp de concentration (de formules de mathématiques et de sciences). Mais je viens me plonger dans la verdure et m’en purger pour me remettre d’aplomb. Arriverez-vous pendant ces vacances ? Je le souhaite… Et Claude futur général, maréchal ? Jacques

Jacques a depuis un moment opté pour le veston.. plus tendance

Grandvilliers le 26 08 1945 de Andrée Sinet
Chère MARIE, Cher TOM, Deux Tommies nous arrivent à l’instant. Ils ne causent pas l’anglais mais ils ont un mot en français nous informant que vous êtes en bonne santé et que vous voudriez avoir de nos nouvelles.
J’espère cependant que vous avez eu nos dernières lettres qui se sont croisées avec les vôtres. Je profite de cette occasion pour vous joindre quelques photos. Les garçons ne sont pas là ; ils sont partis faire un camp scout près d’Anger. Mes pauvres filles sont en train de travailler sans relâche au lieu de s’amuser. C’est triste. J’espère que vous viendrez les distraire bientôt
! Andrée
Missive continuée par André Sinet : Nous profitons donc de l’occasion exceptionnelle de vous faire passer des nouvelles. Avec nos dernières lettres et celle de Claude, nous avons repris contact avec vous tous. Le complément heureux serait votre venue en France. Les données de la circulaire Franco- Britannique n’étaient pas très brillantes. Dernièrement, j’ai à nouveau causé avec Mr Lemaire des idées émises par Marie pour obtenir l’autorisation de venir. Rien n’apparaissant bien clairement, nous comptions plutôt à une amélioration de la situation. Nous voilà en septembre et j’espère qu’un prochain courrier nous apportera la bonne nouvelle que traverser le Pas de Calais est devenu possible. Les évènements continuent à évoluer favorablement sur le pan général, il y a lieu d’espérer pour nous et nos compatriotes une amélioration de notre situation plutôt précaire. A un an de la libération, nous n’aurions jamais supposé qu’il fût possible de demeurer dans pareil marasme !! Nous espérons donc ! … Du chauffage pour la prochaine mauvaise saison, des vivres moins chichement distribuées, de la marchandise, des matières premières pour pouvoir retravailler plus normalement. Pour avoir publié l’hebdo pendant l’occupation, je ne sais encore si je serai poursuivi ou absous.”

En octobre Jacques réussit sa première partie du bac. Et travaille ses maths pour la seconde partie.
Jacqueline travaille sa philo à la maison, mais la fatigue l’en empêche souvent.

Jacqueline alterne repos et travail scolaire

Le projet de venue de son cousin Claude Gray la stimule. Ils peuvent correspondre depuis quelques mois, Jacqueline toujours avec son humour, malgré la fatigue intense qu’elle ressent. Les traitements n’ont pas l’air des plus efficaces. Elle est toujours faible.


Le 26 janvier 1946 le Général De Gaulle démissionne de son poste de chef du gouvernement.


Pour les ménagères, il est difficile voire impossible de trouver certains articles, aussi Andrée le 26 février, passe-t-elle commande à Marie Gray avant leur venue en France “ Puisque tu nous proposes des chambres à air, si tu les trouves….des pellicules photos… Maman voudrait bien un peu de laine à chaussette, Tata un peu d’épices « des épices en voilà une idée, si c’était des oranges » dit Jacqueline) et si cela pouvait être un métrage de tissu pour faire un costume à Norbert. Naturellement si vous avez ces choses en vente libre. Je ne me gêne guère et j’oubliais encore pour André et Tata, un peu de thé si possible. En France, le ravitaillement s’améliore. Hier, Jacqueline, puis Tata (Renée sa sœur) sont arrivées en disant qu’elles n’avaient jamais vu pareil marché ! Des marchands et de la marchandise. Paris qui était si triste reprend son aspect d’antan, les magasins vides sont garnis maintenant. Hier encore, Nette (= tata ) m’annonçait qu’elle pouvait me procurer du fil, du vrai. Pour la première fois, pour Jacqueline qui est inscrite à Paris, j’ai touché 4 oranges et du cacao. Ici maintenant, nous avons du chocolat pour les 3 jeunes, et pour tous, de l’huile, de la margarine, du café que nous n’avions pas. Chez les bouchers qui sont ouverts 2 jours, nous avons de la viande pour la semaine et pour en envoyer aux parisiens. Jacqueline est contente de savoir que tu vas lui apporter des chaussures, mais tout cela va alourdir diablement tes bagages.”

batiments scolaires chez les frères des écoles chrétiennes

Jacques en pension est un peu loin de ces considérations ménagères ! Il mange ce que sert la cantine.

En mars, Claude et Marie Gray parviennent enfin à revenir sur le territoire français à la grande joie de tous.

Retour tant attendu de Claude Gray en tenue . Tous les proches se regroupent rue de Beauvais. Jacques est à gauche, Roger et Mireille Sinet, les Ladoubart, ….

Claude pose dans son uniforme de la « marin ». Il “sévit” comme professeur de français à la base de Southampton. Sa venue dans le bourg où il a passé une partie de son enfance est l’occasion de faire la fête, d’inviter les amis de longue date.

Les Cousins réunis: Claude Gray, Jacqueline, Jeanne, Jacques, devant: Jean Claude, Jean Sinet plus âgé n’est pas présent.

21 05 1946 Andrée commente : “l’ère des restrictions arrive après avoir fêté. Les boulangers ne touchent plus assez de farine, ils ferment 2 fois par semaine. Ce ne serait qu’à moitié grave s’il n’était pas impossible de trouver des pommes de terre ! Le ministre du ravitaillement n’a guère bonne presse pour l’instant

retour de sortie à bicyclette
piano réaccordé, pédales réparées.. les soeurs Sinet peuvent enfin s’en donner à coeur joie;

En juin les révisions du bac vont bon train mais Jacques est mécontent car les épreuves sont reculées d’une semaine le 16 juillet, repoussant d’autant les oraux et les résultats, alors que Claude devait venir à ce moment-là “ n’oublie pas ta bicyclette et ta clarinette” « Toi qui es fort en latin, essaie de traduire : « caesarem legato alacrem corum » (césar le chorus actif- mais plutôt pour le jeu de mot « le gâteau à la crème ») ! . A Paris, notre étudiant dans l’air du temps cherche désespérément certains disques de jazz comme ceux du trompettiste Américain Franck Newton, Charlie Parker et Dizzy Gillespie.

Révisions du bac dans l’herbe !

Finalement Claude arrive en août mais cela n’arrange rien car Jacqueline a échoué au bac à l’écrit et Jacques à l’oral. Ils devront repasser en octobre mais retournent à Paris pendant un mois de cours de préparation. Claude les accompagne quelques jours” pour leur remonter le moral !” Sorties assurées…

magasins provisoires implantés sur la place de Grandvilliers

A Grandvilliers, à partir du mois d’avril, des bâtiments provisoires sont construits sur la place et dans le jardin de l’hospice. Ils sont à destination des nombreux commerces qui n’ont plus de toit, recentralisant la possibilité d’achat pour les habitants.

En Angleterre CLAUDE qui est toujours dans la marine à Southampton, après avoir été enseignant de Français pour les militaires, est devenu responsable du « club » des « marins ». Il fait la connaissance d’une certaine Doreen STRAW qui travaille au club. Le début d’une longue vie commune.

Claude Gray , Doreen Straw 1946

courrier de fin d’année de Jacques vers Rochdales: Grandvilliers le 30 12 1946

Bien cher Tonton Tom, Très chère Tata Marie ; Non moins cher Claude; Comme le nouvel an approche à grands pas, vu que de tradition il faut envoyer ses meilleurs souhaits, étant donné que l’Anglais est par tradition traditionaliste, étant donné que je ne veux pas faillir aux mœurs et coutumes de la présente société et paraître goujat, je soussigné le dénommé Jacques, prends la plume pour vous écrire un mot afin de vous prouver que je ne vous oublie pas. « Comment vas-tu yau de pipe ? pas mal et toi la matelas » …Ces préliminaires terminés, j’espère qu’en ce moment vous avez un peu meilleur temps que nous pour terminer l’année. Après quelques très beaux jours suivant la gelée, il fait froid, il brouillasse. Mais malgré cela, c’est dommage que Tata Marie ne soit pas restée jusque début janvier. Tonton Tom serait venu l’y rejoindre et Claude aurait passé la permission en France avant que le chemin de fer ne soit plus cher. Ce n’est que partie remise. En attendant de vous revoir, je vous souhaite à tous ce qu’il peut vous arriver de mieux. Mes meilleurs souhaits aussi pour l’oncle ainsi que tous mes remerciements pour les cigarettes… JACQUES

Marie Gray-Sinet

1947 Avec le retour des correspondances et des voyages avec l’Angleterre, le “trafic” familial a repris son cours. Les tissus “made in England” permettent de coudre des vêtements pour tous, les chaussures sont les bienvenues ainsi que la laine de bonne qualité… et n’oublions pas le thé et les épices ! Dans les maisons des anglais remplacent les allemands.
Claude doit venir les 17, 18 avril juste après les vacances des pensionnaires. Jacqueline est particulièrement fatiguée. “L’hiver n’a guère été bon pour elle. A-t-elle eu froid un jour en sortant ? Son régime alimentaire est très sévère : ni pain, ni pâtes, rien dans lequel il entre de la farine, ni viande, ni œuf, ni fromage … Elle ne prend que des pommes de terre, légumes verts et fruits

Claude et Doreen Gray de passage à Grandvilliers 1947
1847 Doreen Staw -Gray découvre les Sinet: Jean-Claude, Jeanne assis, Jacques debout

Du 18 avril 1947 au 31 juillet 1947 Jacques fait un stage dans la maison BULHER au 42 rue du Louvre à Paris près des halles non loin de son précédent stage (et clin d’œil à son futur beau-frère René Maurice qui habitera cette adresse bien des années plus tard)

Il en profite pour fréquenter le Caveau des Lorientais où sévit Claude Luter qui s’impose parmi les meilleurs jazzmen européens. Le Lorientais draine alors le tout Paris intellectuel. Il n’est pas rare d’y croiser Sartre, Boris Vian (lui même trompettiste) Queneau, Prévert… Cela lui permet de faire une parenthèse joyeuse qu’il retransmet à sa soeur Jacqueline qui aurait tant aimé être de la partie.
Grandvilliers 20 07 1947 de Andrée Sinet Pornon
“Chère Marie et Cher Tom la triste et cruelle réalité exige que j’écrive. Je fais ce soir appel à toutes les âmes croyantes et amies afin qu’avec moi elles demandent à Dieu de sauver ma petite Jacqueline. Le Docteur Craven m’a appris la vérité. Notre petite malade est condamnée, la médecine ne peut plus rien pour elle. Le docteur de Paris l’a toujours suivie avec les indications d’André de Saint Fuscien qui l’a bien soignée. Quelle chose navrante de voir sa fille de 20 ans se débattre contre la mort … Mon Dieu laissez-là moi !

Jacqueline Sinet août 1947, rue de Beauvais Grandvillier

Finalement Jacqueline décède le 21 Aout 1947 laissant toute une fratrie désemparée, des parents qui ne s’en remettront jamais et qui sans s’en rendre compte laisseront une atmosphère très pesante pour les plus jeunes.

La famille Sinet et Jeanine Gousset autour des photos de Jacqueline août 1947

André a presque 60 ans et compte sur son fils qui n’a pas 20 ans, qui vient de vivre la déchéance physique et le décès de sa sœur ainée… à quoi peut penser un jeune qui vient de passer ses dernières années en pension en période de guerre pour passer son bac et de perdre sa sœur… peut-être à autre chose que de reprendre l’entreprise de son père ?! à vivre !? Normal… à noter par le témoignage de proches de la famille : la chambre de Jacqueline est restée « en l’état », telle un mausolée en la mémoire de la fille adulée… peut-être une mémoire trop lourde à porter pour ses jeunes frères et sœur pour qui la vie commençait à peine… et ce pendant des années …

Jeanne, Jacques, Jean Claude SINET + Jeanine Gousset août 1947

Le 15 octobre 1947 Décès du « vieux » cousin Paul Carrié, l’ancien pharmacien qui était si proche de la famille et chez qui Jacques se rend souvent rue Marbeuf dans le 8è


En octobre 1947 Claude annonce son mariage avec Doreen, prévu pour le 7 novembre. La joie rayonne sur la famille malgré les deuils récents. Jacques doit y aller représenter l’ensemble de la famille en “récompense” du bac. Mais de son côté André, en plus de la peine de la disparition de Jacqueline est furieux de l’échec de son fils, brillant à l’école qui n’a pas “transformé l’essai”. Et estime que Jacques est un “rigolo” possédant “une intelligence déliée qu’il utilise mal”. Sous la pression de ses conseillers habituels (Oncle Norbert et Mr Lemaire) qui estiment que Jacques a besoin d’être cadré, André lui a trouvé un premier stage à l’imprimerie Pascal rue JJ Rousseau à Paris (dans le premier près des halles, à partir de septembre et jusqu’en mars 1947) Jacques commence sa formation officielle du métier d’imprimeur. André s’inquiète de savoir si son fils sera apte à reprendre rapidement sa suite. Il demande à son beau-frère s’il ne peut trouver pour Jacques un stage de plusieurs mois dans une entreprise près de Rochdale, et être ainsi plus « surveillé » que seul à Paris.

Mariage de Claude Gray et Doreen Straw, Thomas + Marie Gray à gauche , Joel + Winnifried Straw 17 11 1947

A partir du 15 aout 1947. Jacques continue sa formation dans le monde de la publicité à l’agence de publicité Gauberti 2 rue de Lyon dans le XIIe è côté de la gare de Lyon.Il y restera jusqu’en avril 1948.
De son côté Jeannette continue ses études à la légion d’honneur et revient à Grandvilliers pour les vacances, retrouvant son jeune frère Jean-Claude.

pont de Montigny sur loing

1948 La reconstruction de Grandvilliers s’organise. Mr Guillaume, architecte officiel, propose des plans pour la librairie louée à Mr Deschryver, la maison de la place Halleur. André devient l’intermédiaire privilégié entre sa sœur Marie et les instances de reconstruction… De courriers en changement, cela durera plusieurs années.
Il a été créé un organisme local permettant l’échange, le rachat facilité de certains terrains afin de reconstruire une ville plus moderne, mieux structurée tout en contentant les habitants qui ont perdu leurs biens lors des bombardements. Les rues sont retracées, le carrefour des rues de Rouen et de Beauvais décalé vers la place.


Le 15 avril 1948 Jacques achève sa formation d’imprimeur à l’agence de publicité Gauberti àcôté de la gare de Lyon. Il loge toujours dans leur appartement de la rue St Lambert à Paris.

Durant l’année 1948, le journal peut enfin reparaître! Sous le nom de « Bonhomme Picard »

Jacques SINET 1948
chambre de régiment Jacques SINET

Le 18 avril 1948 Jacques commence l’armée affecté comme il le souhaitait, au service géographique de l’armée (401è artillerie antiaérienne) où il peut faire des impressions, dessiner, photographier jusque fin juin. “Droit au but.”Après les classes, il est affecté au fort de Montrouge au sud de Paris près de la rue St Lambert puis détaché EOR à l’école de Strasbourg et en profite pour visiter la région

Jacques SINET région de strasbourg 1948
Lac de Gerardmer
école d’artillerie

En Octobre il est de nouveau détaché, cette fois à l’école d’application de l’artillerie à Idar Oberstein en Allemagne (en Rhénanie-Palatinat) avec les troupes d’occupations. En novembre il se trouve à Baccarat en Meurthe et Moselle

Jacques aime à croquer ce qu’il voit

NOEL 1948 le soldat qui a quelques jours de perm revient en famille de façon impromptue

paysage d’outre rhin..
début 1949 Jacques Sinet
Idar Oberstein , à peu près vue de la chambrée.. 1949

En 1949 Il devient aspirant de l’armée de terre de réserve terminant son service le 15 mars 1949 après avoir passé l’examen de “combattant d’élite et de choc”.

Jacques Sinet 1949

Il entre “enfin” dirait son père, comme ouvrier à l’imprimerie le 1er mai 1949. André, à cause de ses rhumatismes, fait souvent appel à lui comme chauffeur pour se rendre à Paris et en profite pour lui apprendre le métier de commercial”

partie de l’atelier imprimerie Sinet

Le 30 aout le général Warabiot remet à la ville de Grandvilliers la Croix de Guerre 39/45 comme récompense à la participation de la population durant la guerre, au total il y eut 34 tués ou morts en déportation.

30 aout 1949 remise de la croix de guerre à la ville de Grandvilliers
30 août 1949 Grandvilliers en fête

1950
Le 7 Janvier 1950 décède Marie Angéline Gourdain, veuve de Charles Hérelle. C’est la grand-mère maternelle de Jean SINET, ainsi que de Guy Hérelle, copain de Jacques.

Jacques qui fait partie de l’armée de réserve suit un stage à Oberstein comme sous-lieutenant Ces stages lui plaisent beaucoup et lui permettent de garder contact avec ses copains.

stage armée de réserve 1950 Baumholder
l’appareil photo n’est jamais loin, Jacques Sinet 1950
Andrée, Jean-Claude, Jeanne Sinet, debout leur grand-mère Pauline Pornon 1950
12 juin 1950 virée à Mers avec Pierre Réjou
Mers 1950

Durant l’été 1950 il fit une escapade dans les Alpes et y rejoint son frère qui est en camp scout.

Jean- Claude et Jacques SINET été 1950
1950 virée Alpine Jacques Sinet
Vacances 1950 barbe et pipe apparaissent sur les photos

Andrée Sinet: “ Finies les petites virées à Paris qui coupaient un peu la vie monotone et quelquefois fatigante de Grandvilliers. Les hommes sont ainsi faits, ils n’apprécient les choses qu’alors elles ont disparu”. En septembre 1950, le bâtiment du fond de la cour brûle avec la vieille 402 qui y était garée. André a versé depuis 18 mois, à Raymond Hérelle le garagiste, le premier versement pour la Peugeot 203 Familiale qu’il avait vue au salon de l’automobile. Mais un exemplaire a été livré à Beauvais et 3 à Amiens !
Son ami, Jean de Grandvilliers ayant des relations chez Peugeot confirme les difficultés de livraison qui pourrait ne pas exister s’il s’agissait d’une voiture pour l’exportation avec les douanes ! Une idée germe dans l’esprit d’André…
 » Pourquoi ne pas la faire acheter par Tom Gray ??

la reconstruction de Grandvilliers bat son plein 1950 la librairie de Marie Sinet est terminée


Jacques et Jean Claude vont rendre visite à leur cousin Claude en Angleterre

La “petite” Jeanine Gousset, filleule de Renée Ladoubart continue à venir pendant les vacances. Elle s’entend très bien avec Jeannette qui s’en occupe volontiers.

Jeanne Sinet et ses petites amies


Jacques passe les 2 derniers jours de l’année avec ses camarades à Paris. La fiesta !

Jeannette, Jean Claude, Jacques au piano.. s’essaie t il au Jazz?
1951 Jacques Sinet

Las des problèmes de voiture André a commandé une autre Peugeot, moins rare
Début mai Jacques et son frère Jean-Claude, enfourchent leurs vélos, sac à dos et tente en bagage, direction l’Angleterre ! Et avec l’aide du train !! A leur départ Andrée se lamente de la mauvaise récolte de fraises et d’asperges, des semis dévorés par les insectes…

passeport Jacques Sinet

Maryse amie de Jacques qui devait passer son examen d’institutrice et se marier dans la foulée doit repasser en septembre, son mariage est retardé. Elle se marie avant la fin de l’année et part en Algérie


A Grandvilliers “La reconstruction avance doucement. Au lieu de construire en face de chez nous, ils ont commencé de l’autre côté, la maison de Zoé etc. André va vous écrire les dernières nouvelles à propos de votre terrain. La température n’a pas arrêté complètement la reconstruction et Mr Réjou démarre la maison de Mme Hainque voisine de Poinsard”.
La voiture est enfin arrivée et satisfait “le patron”. La 203 reste en service, l’une pour l’imprimerie, l’autre pour le journal.


1952

Grandvilliers 1952 vue de la librairie
balade avec les amis 1952 dont Pierre Réjou

En mars André souffre de plus en plus de sa maladie rhumatismale, la gêne fonctionnelle, hydarthrose, qui l’obligent à garder le lit plus que de raison. Il continue les voyages parisiens mais c’est Jacques qui conduit la voiture. » La question Jeannette reste posée. Jean- Claude toujours à l’imprimerie attend son incorporation à l’automne sans doute. Se pose la question d’engagement en Afrique par devancement d’appel, mais il semble que c’est courir un certain danger. “Malgré les promesses formelles de l’état, il doit y avoir risque d’aller en Indochine Ce qui n’est pas le but recherché. » André

Jacques profite d’aller livrer les clients sur Paris pour fréquenter les caveaux, boites à Jazz, chansonniers :Au caveau de la république il se régale d’entendre Brassens; il aime aussi le vieux colombier où joue Claude Luter , Sidney Bechet , le caveau des lorientais jusqu’en 1953. Le Vieux Colombier est un des hauts lieux du jazz, équivalent de ce qu’était le Club Saint-Germain à ses débuts, avec l’orchestre de Boris Vian puis tous les grands du jazz français et américains….

Luter, Becket…

Décès de la cousine Hortense CARRIE –Touraille originaire de Grandvilliers retrouvée morte dans son appartement à Paris. Elle donne sa maison de famille de la rue de Calais (Grandvilliers) aux enfants SINET

Michel Bocquet et Geneviève Hovette, grands amis de Jacques et cousins  » mode bourguignone »

Le 17 avril 1952 a lieu le mariage de Geneviève Hovette , amie d’enfance avec Michel BOCQUET son “cousin “

courses de printemps à chantemerle Grandvilliers

Le mai 1952 André Sinet assure toujours le suivi des biens de Marie Gray pour la construction d’une maison , avec les équivalents des destructions. Son locataire de la librairie Mr Deschryver va prendre possession de la graineterie voisine -Wallet abandonnant « leur demande d’acquisition de terrain qui aurait amputé le jardin Carrié désormais aux enfants. Nous avons été à ST Pol et ceux-ci avec ST Quentin (villes où logent les cousins famille Carrié : Greisch, Gougelot, Hulot) sont venus commencer à ranger et embarquer l’héritage Carrié. Ils avaient les meubles à déménager avant que nous ayons la maison de libre pour une utilisation qui n’est pas encore décidée. De toute façon elle sera gardée pour les enfants, mais nous éviterons toute location habituelle qui dépossède. Quelques rares maisons sont en construction et la BNCI qui va faire l’avance des fonds doit de suite rebâtir la banque face à l’hôtel de France. »

30 juillet Mon auto familiale est annoncée mais par suite des vacances d’usine, sa venue n’aura peut-être lieu que fin août. Pour remplacer notre brave Bossu disparu, je viens de convenir qu’il sera remplacé par son gendre Fossier père, qui nous fait déjà occasionnellement de la menuiserie. Il fait partie du personnel licencié par la maison Marent qui ferme fin août

mini golf sur la côte anglaise


Jacques se prépare à partir en Espagne au début août. Il fait des recherches pour “ savoir s’il n’y aurait pas un oncle ou une tante par-là”. Jeannot attend toujours de partir soldat.

barcelone, valence, murcie, grenade, gibraltar,malaga, tanger…

Le 25 octobre 1952 sa jeune amie « Madette » Chevaillier épouse Jacques Letellier qui reprendra l’agence d’assurance à Aumale

la valse des mariages commence parmi les amis de Jacques Sinet

Le 3 novembre 1952 leur ami de Blagnac Clément LEQUIEN perd son fils Georges, pilote d’essais de la SNCASE, lors d’un vol de démonstration du premier fouga magister CM170-01

George Lequien décède à 39 ans
fouga magister

A Grandvilliers, les parents de Jacques qui prennent de l’âge commencent à avoir du mal à assumer les » choses » . courrier de décembre 1952 de Andrée ayant appris le départ de Claude et Doreen vers le Vénézuella :« nous souhaitons que son départ pour de lointaines contrées ne vous attriste pas trop et que Claude et Doreen vous reviennent assez tôt pour que vous puissiez jouir de leur jeunesse et de leur affection. Eux vont avoir l’enchantement du voyage, la découverte de nouveaux pays et de nouvelles mœurs. La pensée du plaisir qu’ils y prendront vous aidera à attendre leur retour. Ici la vie continue, toujours la même. Si la période est bonne comme température, elle est mauvaise au point de vue travail. L’arthrite d’André ne s’améliore guère, il se force cependant à faire chaque jour un peu de marche pour éviter l’ankylose. La construction est arrêtée pour le moment et ce qui ne va pas améliorer la situation, nous voilà sans gouvernement. Quel drôle de pays où ceux qui veulent essayer de le tirer d’embarras sont toujours comme l’oiseau sur la branche et tombent avant d’arriver au but.Le lendemain : dans cette lettre commencée hier, je parlais de bonne température. Nous avons eu un noël comme ne le sont pas tous les Pâques. Aujourd’hui, le froid est revenu, le travail va peut-être faire de même. Signe de rajeunissement, je mets des lunettes pour lire et coudre : quelle engeance ! Elles sont toujours perdues »

1953

de André : »Mon état de santé reste précaire, ni pire ni mieux. Je suis contraint à un ralentissement d’activité. Si possible, ou pas d’aggraver les dégâts du genou droit, car une amélioration ne parait plus guère devoir apparaitre. Cela a abouti à une hydarthrose avec menace possible d’ankylose. Pour le genou et à un degré moindre pour l’épaule gauche, il y a des hauts et des bas, suivant les mouvements inflammatoires accusés par l’organismes. Conclusion promenades prudentes jusqu’au poteau de Cempuis, aspirine et sels d’or avec l’espoir de ne pas voir d’autres articulations attaquées.« 

En ville, la reconstruction parait à nouveau se mettre en mouvement. Dans la rue de Calais, l’on monte une maison en commençant par le côté Huten-Laclau. Sans doute cela continuera-t-il jusqu’à vous. Ce qui parait ennuyeux c’est que rien ne semble en action pour débarrasser les terrains qui seront derrière les maisons. Je n’ai jamais revu d’architecte… Quelle sale race. Devant chez nous les maisons Dury vont commencer, de même le garage Robart. Les Ladoubart sont toujours en difficultés. Les travaux devenant possibles, il y eut adjudication parmi les entrepreneurs. Par malheur, le prix total dépassait de beaucoup les crédits accordés. Nécessité de revoir les plans, les réduire, mais doit apparaitre une espèce de trahison de l’architecte qui a réalisé le contraire des désirs du client. Pas un sou de plus que les crédits ont toujours dit les Ladoubart, rien de trop beau, bon, aurait professé l’architecte aux dires de Réjou ; Quelle sale race ! .. pas de suite

Grandvilliers samedi 2 mai 1953 de André SINET

Chers Marie et Tom, Je réponds à la proposition de voyage en commun. Cela apparait possible après évolution de divers problèmes. Nous sommes fixés sur le sort de Jean-Claude. Depuis ce matin il est convoqué le jeudi de l’Ascension à Cambrai pour de là se rendre au 4è Zouaves de Tunis. Tout le monde est satisfait y compris sa mère. Après une bonne période électorale le fond de roulement de l’imprimerie se renfloue, ce qui atténue les soucis.

Ma santé actuelle peut se comparer à celle de l’an dernier où j’ai tenu le coup dans le voyage pyrénéen. Plus tard je serai peut-être handicapé par une impotence accentuée. ETC… ETC… Si ce projet se met au point sera ce les lacs italiens avec votre voiture sans doute demande de passeport. Amitiés à vous tous, donnez-nous des nouvelles de Claude . André SINET

Jeannette travaille dans le cadre de l’imprimerie…

Jacques SINET avec quelques amies..et Pierre Réjou

André et Andrée SINET accompagnés de Tom Gray vont au Portugal à un congrès et font un périple dans les alpes (Jura Suisse Italie) peu après la Pentecôte

Marie, thomas Gray, Mme Clément, Andrée, André Sinet: vacances alpines
congrès des éditeurs à Lisbonne André SINET, Thomas GRAY
corse, vacances de Jacques 1953

Cette année-là, Jacques fait la connaissance d’une certaine Jeanette MAURICE habitant Chaville, lors de l’anniversaire de Denise Goré, amie de promotion de Suzanne Maurice. Avec les copains Grandvillois, ils se rendent à l’anniversaire de Denise et font la fête..

08 1950 chaville Jeannette Maurice + Pierre
Jeannette Maurice

Durant l’année 1953 Jacques profite de ses voyages à Paris pour continuer à sortir. Les caveaux de Jazz sont plus nombreux , les caves à chansonniers , il découvre Jacques Brel et bien d’autres aux 3 baudets

Et dès qu’il le peut , il retrouve une certaine Jeanette Maurice, n’hésite pas à faire un détour par Chaville. Progressivement, il participe aux réunions familiales (fiançailles, mariages, baptêmes…de la fratrie MAURICE)

Jacques et Jeanne Sinet découvrent la famille Maurice à Chaville

1954 Chaville Baptême Marie Pierre Maurice (de René et Denise).. première nièce de Jeannette

Lorsqu’il est à Grandvilliers il fréquente la tribu de ses amis de jeunesse

Herelle, Réjou..

GRANDVILLIERS peu après 21 02 1954 de André SINET qui tient toujours la correspondance avec sa soeur pour l’informer de l’évolution de la construction de sa maison rue de Calais .. et donner des nouvelles des Grandvillois. l’ami de Jaques, Pierre Réjou décède… « Vous avez vu qu’André Hainque est mort et enterré à Roubaix ayant succombé subitement à une embolie. Nous sommes tous très peinés d’apprendre la mort attendue de Pierre Rejoux (décédé le 21 02 1954 à 29 ans). Tombé brusquement, il est soigné à l’hôpital américain de Neuilly. Pour nous c’est une évocation du passé. Il a succombé comme Jacqueline pour une affection rénale.Voici plus gai : la venue de Jeannot nous a enchantés au bout de 10 jours, il est reparti. Après entretien avec lui, je persiste à échafauder le projet d’aller le chercher un moment de sa libération sans doute vers septembre. Il causera du projet avec l’ancien colonel Pochard l’ami de Norbert que nous connaissons et qui réside à Tunis, fonctionnaire dans une organisation touristique. Grandes lignes du projet : En auto descendre l’Italie, s’embarquer au plus pratique pour la Tunisie et ramener Jeannot, visiter le plus possible Tunisie, Algérie, Maroc pour revenir par l’Espagne. Dans quelques jours, sans doute aurai-je à négocier L’échange Frégate Renault contre 203 quatre place afin de renouer relation d’affaire avec Guenolet pour bénéficier de la publicité Renault.Si le projet prend corps, qui s’inscrit pour la randonnée ? Pour partir au prochain courrier, je clos cette lettre sans même solliciter le visa des autres membres de la famille. En vous embrassant. » André SINET

mars 1954 nouvelles de Jean Claude : « encore 6 mois et demi et le service militaire ne sera plus que souvenir. Pour le moment, je suis toujours chauffeur ; ces derniers temps je ne roulais pas souvent. Il y a beaucoup de chance pour que cela change car on vient de me mettre sur un GMC qui fait le ravitaillement du camp. Il y a 15 jours, j’ai eu la chance d’aller conduire des officiers à Mezzouna en passant par Sousse et Sfax ce qui nous a fait un beau voyage par un temps idéal. Mezzouna se trouve dans les steppes sur la ligne de chemin de fer Sfax-Gafsa. La végétation y est maigre et le vent soulève des nuages de sable. Papa m’a écrit une proposition pour venir me chercher en Tunisie. Alors, je pense les voir débarquer vers le mois d’octobre. Jeannot

08 04 1954 chaville: mariage Suzanne Maurice et Jean Chabaud (le marseillais) Jean Marc Maurice au milieu

De André Sinet a Thomas Gray fin avril 1954: « Donc nous vous attendons à voir arriver Marie fin de cette semaine, supposant que Tom suivra à quelques jours. Avant-hier nous sommes allés à Chaville près de Versailles répondant à l’invitation de Mr et Mme Maurice, parents de Jeannette Maurice, eux venus ici à Pâques. Il fut question de réunion de fiançailles ici ou à Chaville. Votre venue fit envisager le dimanche de la trinité 13 juin, c’est pourquoi je vous signale le fait pour le cas probable où cela pourrait s’accorder avec vos projets. Est-ce que le voyage que vous ferez en Bretagne s’effectuera avec une de nos voitures ? La frégate toujours attendue n’est pas arrivée.« 

Jean et Germaine MAURICE les parents de Jeannette (voir plusieurs fascicules sur ce site)
Fiançailles de Jacques et Jeannette , devant un gateau offert par Thomas Gray »so british »
Fiançailles à Chaville: Jacques, Jeannette, Jean + Suzanne Chabaud

Courant septembre le périple des parents Sinet et Gray pour aller chercher Jean-Claude en Tunisie se rapproche.

Jacques va faire « un saut » à Blagnac (environ 800 km sans autoroute.et retour) pour aller chercher le couple Lequen qui « tiendront » la maison pendant leur absence. Invités à venir avec André pour voir un peu les pays du Maghreb, ils préfèrent rester à Grandvilliers.

André son père accélère les démarches pour avoir papiers, renseignements, autorisations, réservations.. afin d’aller chercher Jean-Claude dont il ne sait pas exactement ni quand ni comment il sera libéré de ses obligations militaires.. pas mal d’aléas dans l’air!

« La route peut être parcourue vivement en France que l’on quitterait après Besançon et Pontarlier, passage par Lauzanne, puis la même route que l’an dernier : Martigny, Sion, Simplon, Gênes, ou pour changer de route : Martigny, col grand st Bernard, Aoste Alessandrie, Gênes. Toujours pour rouler sans tarder pour Rome et Naples …:2 jours de traversée pour Tunis. Le même bateau s’arrête quelques heures à Palerme le mardi où on peut le prendre si continuant la route après Naple, on suit par la Sicile.. »

Palerme Octobre 1954 Andrée + André Sinet
Andrée, André, Jean-Claude SINET octobre 1954

Finalement le voyage s’est bien déroulé que ce soit en Tunisie, en Algérie, au Maroc ou en Espagne. Mais un prochain voyage touristique dans ces contrées d’Afrique du nord ne pourra plus être programmé avant longtemps…l’histoire est en marche, la « colonisation » Française a du plomb dans l’aile.. Ce qui ne les rassure pas .. Jean Claude peut être remobiliser pour la défense nationale!

En attendant chacun profite du calme sur le territoire Français ..

Jacques Sinet est ses « copains » avec Amélie

La suite est une autre histoire ..

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